En 1860, à la suite de l'annexion des communes situées entre la limite de l'octroi (mur des Fermiers généraux) et l'enceinte fortifiée de Paris [1], la capitale est divisée en vingt arrondissements municipaux [2]. Les seize bureaux de poste établis dans les anciennes communes sont réunis au service de Paris, sous la dénomination de bureaux annexes, sans que leur fonctionnement ne soit modifié. Ils continuent de recevoir en passe-Paris les correspondances qui leur sont adressées, et que leurs facteurs continuent de distribuer [3].

          En juillet 1881, des numéros d'ordre faisant suite à ceux des bureaux de l'ancien Paris sont attribués aux bureaux du nouveau Paris, compris entre 53 et 77 [4]. Jusqu'à la fin du siècle, rien ne change en ce qui concerne leur fonctionnement. En 1895, dans un mémoire présentant l'organisation des services d'arrivée et de distribution de la recette principale de la Seine [5], on constate que les bureaux du service des annexes recoivent toujours les dépêches du tri général, charge à leurs facteurs de les distribuer dans leur circonscription.

          Les centraux du nouveau Paris

Le Temps, 7 mai 1898

          Au mois de mars 1898, il est procédé à un essai de centralisation de la distribution du courrier dans le ressort du quatorzième arrondissement municipal de Paris. Le bureau n° 69 de l'avenue d'Orléans est choisi comme bureau central d'arrondissement. Cet essai semblant concluant, il est étendu en octobre 1899 au douzième arrondissement (bureau n° 23), puis en mars 1900 au quinzième (bureau n° 75) [6], et il est définitivement adopté à partir du 28 août 1900 [7]. Ces trois bureaux seront également désignés bureaux de passe pour les correspondances de leur arrondissement à destination de la recette principale et des bureaux ambulants.

Le Matin, 29 août 1900

          Les essais effectués ayant pleinement convaincu l'Administration, il est décidé que l'ouverture de bureaux centraux dans les autres arrondissements du nouveau Paris se fera dans les délais les plus brefs, soit dès novembre 1900 pour les dix-neuvième et vingtième, vers la fin de l'année pour les treizième et dix-huitième, et au début de 1901 pour les seizième et dix-septième [8]. Une note (A.N.) adressée en juillet 1900 par le directeur des postes du département de la Seine à son sous-secrétaire de tutelle tente cependant de tempérer l'enthousiasme de ce dernier. Pour des raisons pratiques, problèmes de locaux essentiellement, mais aussi d'adaptation des personnels au tri par arrondissement, le directeur estime qu'il ne peut être envisagé d'ouvrir, au plus tôt, un bureau central qu'en mars 1901 dans le treizième, et plus tardivement dans les autres arrondissements. Il fait par ailleurs remarquer que le tri serait facilité si le public indiquait le numéro d'arrondissement de Paris dans ses adresses, tout en constatant qu'en dépit des demandes effectuées dans ce sens dès 1898 dans le quatorzième arrondissement, très peu de résultats ont été obtenus. Ces demandes seront périodiquement réitérées.

Le XIXE siècle, 8 octobre 1899

          Contredisant les réticences du directeur des postes de la Seine, un entrefilet paru dans le Figaro du 25 novembre 1900 annonce pour le lendemain l'ouverture des bureaux centraux des dix-neuf et vingtième arrondissements, et celle, imminente, de celui du treizième. Le Journal du 23 mars 1901 fixe à la date du 25 mars 1901 l'ouverture des trois derniers bureaux centraux d'arrondissements dans les seizièmes, dix-septième et dix-huitième arrondissements de Paris, constatant qu'à ce moment, les neuf arrondissements du nouveau Paris seront postalement autonomes pour ce qui concerne la distribution du courrier.

Le Figaro 25 novembre 1900

Le Journal 23 mars 1901

          Cependant, il faudra attendre la date du premier octobre 1901 pour que la dénomination de ces nouveaux bureaux centraux soit officialisée, bien après qu'une note signée le 12 avril 1901, soit quelques jours après la mise en fonctionnement des derniers bureaux centraux, ait été publiée dans le bulletin des postes numéro 10 annexe du mois d'août. La date générale du premier octobre 1901, communément admise par les marcophiles comme étant celle du début du fonctionnement de ces bureaux, corroborée en apparence par l'apparition de timbres à date comportant le numéro de l'arrondissement dans le texte de la couronne, est donc historiquement inexacte, ce qui peut expliquer l'existence antérieure de dateurs de bureaux de quartier de Paris portant en bas de la couronne une indication du service de distribution. Notre collègue Bruno Chabrolin nous fait par ailleurs remarquer l'existence, avant octobre 1901, de petits timbres de facteur portant en chiffres romains des indications pouvant se rapporter à des numéros d'arrondissements.

PARIS 60 est devenu PARIS XVIII en octobre 1901

B.M.P.T n° 10A, août 1901

          Les centraux de l'ancien Paris

          Dès le mois d'avril 1897, une note de la direction des postes du département de la Seine (A.N.) fait la proposition du remplacement de la distribution par rayons dans l'ancien Paris par une distribution par arrondissements, le but étant de libérer du personnel au profit des bureaux annexes. Si le principe en est admis, la réalisation en sera cependant largement différée, compte-tenu de ses difficultés prévisibles d'application.

Note de la direction des postes de la Seine, juillet 1900 (A.N.)

          Ce n'est que le premier février 1910 que le bureau central du onzième arrondissement de Paris est mis en fonctionnement (création rue Mercœur [9]), celui du dixième le sera le premier juillet 1912 (création Quai de Valmy [10]), et celui du neuvième le 6 avril 1919 (déplacement du bureau n° 2 de la rue Milton à la rue Hippolyte-Lebas [11]). Et il faudra attendre le premier septembre 1919 pour voir la disparition de la distribution du courrier par rayon dans Paris.

Le Petit Parisien, 29 août 1919

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Notes
[1] Loi sur l'extention des limites de Paris, 16 juin 1859. Bull. XIV, n° 738. [up]
[2] Décret impérial qui fixe les dénominations des vingt arrondissements municipaux de la ville de Paris, 31 octobre 1859. Bull. XIV, n° 7073. [up]
[3] Bulletin mensuel de l'administration des postes, février 1860, n° 54, circulaire n° 161. Dans les arrondissements de l'ancien Paris, la distribution du courrier se fait depuis le bureau central. [up]
[4] Bulletin mensuel des postes et télégraphes, juin 1881, n° 38 supp. [up]
[5] Legall, Recette principale de la Seine, arrivée et distribution (septembre 1895). Feuilles Marcophiles n° 279 supp. [up]
[6] Archives nationales, cote 19930443-6, merci à L. Bonnefoy. [up]
[7] Le Matin, 29 août 1900. [up]
[8] ibid. [up]
[9] Bulletin mensuel des postes et télégraphes décembre 1910, n° 17 annexe [up]
[10] Bulletin mensuel des postes et télégraphes juillet 1912, n° 7 annexe. [up]
[11] Le Matin, 6 avril 1919. [up]