Les créations d'établissements de poste
dans l'arrondissement d'Ambert
entre 1733 et 1935

     En 1733, un service de messageries est établi entre Clermont-Ferrand et Ambert, géré par des commerçants ambertois et financé localement. Une officine destinée à regrouper les lettres arrivant de Clermont et à distribuer celles en partance d'Ambert est alors certainement établie, mais elle ne dépend alors pas de la Ferme des postes. Ce n'est qu'en avril 1766 que la Ferme, s'avisant qu'elle perd de l'argent sur des taxes non perçues, décide d'y installer un bureau régi par ses soins. Un courrier effectue deux liaisons par semaine, en desservant au passage Saint-Amand-Roche-Savine. Ambert, qui entretient probablement aussi une messagerie avec Arlanc, sera le seul siège d'établissement de poste dans la région sous l'Ancien Régime.

          1804-1856 : les chefs-lieux de canton

     En 1792, l'Etat estime qu'il est capital de pouvoir diffuser rapidement la correspondance administrative dans les départements. La priorité est alors donnée, en ce qui concerne l'ouverture des bureaux de poste, aux communes désignées chef-lieu de canton. L'arrondissement d'Ambert étant divisé en huit cantons, la première moitié du XIXè siècle verra la création de sept bureaux de poste ou de distributions dans les sept chefs-lieux de canton qui en étaient alors dépourvus :

- à Saint-Amand-Roche-Savine, une distribution relevant d'Ambert est ouverte dès 1804, elle sera érigée en bureau en 1838 ;
- à Saint-Germain-l'Herm, une distribution est ouverte en 1827, relevant d'abord d'Issoire, puis d'Ambert en 1834, devenue bureau en 1843 ;
- à Arlanc, une distribution relevant d'Ambert est ouverte en 1833, érigée en bureau en 1839 ;
- à Saint-Anthème, une distribution relevant d'Ambert est ouverte en 1836, devenue bureau en 1845 ;
- à Cunlhat, un bureau est ouvert en 1840 ;
- à Olliergues, une distribution relevant d'Ambert est ouverte en 1843, devenue bureau en 1858 ;
- à Viverols, une distribution relevant d'Ambert est ouverte en 1844, érigée en bureau en 1856 .

     En 1844, il y a donc dans l'arrondissement d'Ambert huit établissements de poste, un dans chaque canton. Ils desservent directement les vingt-six mille habitants des communes dans lesquelles ils sont installés, sur les quatre-vingt-dix mille habitants que compte l'arrondissement (1), soit environ trois sur dix. Les populations des autres communes sont visitées au moins un jour sur deux par des facteurs ruraux. Le taux de onze mille habitants par bureau de poste est légèrement plus élevé que la moyenne nationale (voir Laparra, page 68, ci-dessous note 2). En 1856, avec la promotion de Viverols, tous les établissements de l'arrondissement sont des bureaux de direction, et il n'y aura pas d'autres créations avant 1860.

          1856-1892 : la stagnation

     En 1860, la distribution de Marsac, relevant très probablement de la direction d'Ambert, est ouverte au public. Elle sera suivie en 1866 par celle de Fournols, relevant de Saint-Germain-l'Herm. Ces deux établissements seront convertis en recettes simples de quatrième classe en janvier 1874, comme l'ensemble des distributions sédentaires métropolitaines. En 1867, un facteur-boîtier est installé à Bertignat, dans le canton de Saint-Amand-Roche-Savine, il ne changera pas de statut pendant toute la période qui nous occupe. Il n'y a ensuite plus aucune création dans l'arrondissement pendant plus de vingt-cinq ans, et en 1893, l'arrondissement ne compte toujours que dix recettes des postes et un facteur-boîtier.

     En cent ans, il y aura eu en tout et pour tout onze établissements de poste ouverts dans l'arrondissement d'Ambert, pour desservir cinquante-deux communes, soit environ vingt-et-un pour cent. Cela peut paraître assez peu, pour un développement très lent, mais le chiffre se situe un peu au-dessus la moyenne nationale de l'époque (2), le budget des postes déjà limité étant encore restreint par la défaite de 1871. Ces bureaux sont malgré tout plutôt bien répartis géographiquement.

          1893-1914 : facteurs-receveurs et recettes auxiliaires

     Consciente de la faiblesse de ses infrastructures, tout autant que de celle de ses moyens financiers, l'Administration va s'attacher à trouver des solutions moins onéreuses que l'installation de receveurs des postes pour densifier son réseau dans les campagnes, d'abord par la création des recettes auxiliaires rurales, établissements en très grande partie à la charge des communes, et ensuite en réformant le statut des facteurs-boîtiers. Ceux-ci voient leur traitement fixe de huit-cent-cinquante francs passer à un traitement évolutif de huit-cents à douze-cents francs sur vingt-cinq ans. De plus, l'Etat accorde l'établissement d'un facteur-receveur aux communes situées hors des routes des courriers si elles acceptent de financer le transport des dépêches. L'économie ainsi réalisée sur l'ouverture de nouveaux établissements n'est pas négligeable, et les effets s'en font rapidement sentir.

Le canton d'Arlanc, dont huit des neuf communes étaient dépourvues de bureau de poste en 1893, voit ainsi l'ouverture d'un établissement de facteur-receveur à Saint-Alyre (1894) et de trois recettes auxiliaires à Dore-l'Eglise (1898), Doranges (1907) et Beurières (1911). Doranges recevra un facteur-receveur en 1913. Les cinq communes les plus importantes du canton, regroupant sept-mille cinq-cents habitants, sont pourvues d'un établissement de poste en 1914, alors que les deux-mille habitants des quatre communes les plus petites en sont encore privés (soit un taux d'équipement de 79 % de la population).

Le canton de Saint-Germain-l'Herm, dont huit des dix communes étaient dépourvues de bureau de poste en 1893, voit l'ouverture de cinq établissements de facteur-receveur à Saint-Bonnet-le-Chastel (1894), Echandelys (1898), Condat (1899), Saint-Bonnet-le-Bourg (1908) et Fayet-Ronnayes (1909), et d'une recette auxiliaire à Aix-la-Fayette (1912). Huit communes, regroupant sept-mille deux-cents habitants, sont pourvues d'un établissement de poste en 1914, les deux-mille habitants des deux communes restantes ne bénéficiant pas de cet avantage (équipement 78 %).

Le canton de Saint-Amand-Roche-Savine, dont trois communes sur cinq étaient dépourvues de bureau de poste en 1893, voit l'ouverture d'un établissement de facteur-receveur au Monestier (1910). Les trois bureaux existant en 1914 desservent directement trois-mille-sept-cents habitants, les neuf-cents restant étant visités par des facteurs ruraux (équipement 80 %).

Le canton de Cunlhat, dont trois communes sur quatre étaient dépourvues de bureau de poste en 1893, voit l'ouverture d'une recette auxiliaire à Auzelles (1897) et de deux établissements de facteur-receveur à La Chapelle-Agnon (1900) et à Brousse (vers 1908). Auzelles accueillera un facteur-receveur en 1907. Toutes les communes du canton, qui regroupe près de sept-mille habitants, sont pourvues d'un établissement de poste avant la Grande Guerre (100 %).

Le canton d'Olliergues, dont quatre des cinq communes étaient dépourvues de bureau de poste en 1893, voit l'ouverture de trois établissements de facteur-receveur à Vertolaye (1896), au Brugeron (1905) et à Marat (1914). En 1914, quatre communes comptant cinq-mille-sept-cents habitants possèdent un établissement de poste pour une seule, peuplée de neuf-cents habitants, n'en possédant pas (équipement 86 %).

Le canton d'Ambert, dont six des huit communes étaient dépourvues de bureau de poste en 1893, voit l'ouverture d'une recette des postes à Job (1898) et d'un établissement de facteur-receveur à Saint-Martin-des-Olmes (1899). En 1914, la moitié des communes du canton, regroupant treize-mille-cinq-cents habitants, dispose d'un établissement de poste, l'autre moitié, peuplée de trois-mille-quatre-cents habitants, n'en disposant pas (équipement 80 %).

Le canton de Saint-Anthème, dont quatre des cinq communes étaient dépourvues de bureau de poste en 1893, voit l'ouverture de deux établissements de facteurs-receveurs à Grandrif et à Saint-Romain en 1910, donc assez tardivement. En 1914, trois des communes du canton, regroupant cinq-mille habitants, disposent d'un établissement de poste, les deux autres, peuplées de mille-deux-cents habitants, n'en disposant pas (équipement 80 %).

Le canton de Viverols, dont cinq des six communes étaient dépourvues de bureau de poste en 1893, voit l'ouverture de deux établissement de facteur-receveur à Saillant (1906) et à Sauvessanges (1909), et de deux recettes auxilliaires à Eglisolles (1906) et à Saint-Just-de-Baffie (1914). En 1914, cinq des communes du canton, peuplées de cinq-mille-deux-cents habitants, disposent d'un établissement de poste, la dernière, comptant à peine quatre-cents habitants, en étant dépourvue (équipement 92 %).

     A la veille de la guerre, on compte trente-six établissements de poste dans l'arrondissement d'Ambert : onze recettes, vingt facteurs-receveurs et cinq recettes auxiliaires. Le nombre de bureaux a donc plus que triplé en vingt ans. Le pourcentage de la population disposant d'un bureau de poste dans sa commune s'élève à environ quatre-vingt-trois pour cent, et il y a un établissement pour douze-cents-cinquante habitants, toutes communes comprises. Le réseau, dense et assez homogène, se place dans une bonne moyenne nationale.

          1919-1935 : les agences postales

     En 1919, l'Administration crée les agences postales, qui ne sont ni plus ni moins que des recettes auxiliaires dont les attributions sont étendues aux articles d'argent et à la Caisse d'Epargne. L'installation de ces officines ne coûte que peu au Trésor, la charge principale d'installation, de fonctionnement et de transport des dépêche reposant sur les municipalités. Celles-ci se montrent pourtant rapidement demandeuses de ce type d'établissement, et elles vont fleurir en nombre dans les années d'après-guerre.

Dans le canton de Viverols, les recettes auxiliaires d'Eglisolles et de Saint-Just-de-Baffie sont transformées en agences postales en 1926 et 1934, et une nouvelle agence est installée à Médeyrolles en 1929. Toutes les communes du canton sont alors postalement équipées.

Dans le canton d'Arlanc, deux agences postales sont ouvertes à Novacelles en 1927 et à Chaumont en 1929. Seules les petites communes de Mayres et de Saint-Sauveur, peuplées à elles deux d'à peine mille habitants, ne disposent pas d'un établissement de poste en 1935.

Dans le canton d'Ambert, deux agences postales sont ouvertes à Valcivières en 1927 et à Champetières en 1930. Les villages de Saint-Ferréol et Thiolières, regroupant environ onze-cents habitants, restent dépourvus de bureau de 1935.

Dans le canton de Saint-Germain-l'Herm, une agence postale est ouverte à Chambon en 1930. La petite commune de Sainte-Catherine, qui compte à peine trois-cents habitants, reste dépourvue de bureau en 1935.

Dans le canton de Saint-Anthème, une agence postale est ouverte à Saint-Clément en 1930. Les six-cents habitants de la commune du Chaulme restent les seuls du canton à ne pas disposer d'un établissement de poste en 1935.

Dans le canton de Saint-Amand-Roche-Savine, une agence postale est ouverte à Grandval en 1933. Les trois-cents habitants de Saint-Eloy sont les seuls du canton à ne pas bénéficier de services postaux dans leur commune en 1935.

     Aucun autre établissement postal, ni recette, ni facteur-receveur, n'est créé dans l'arrondissement d'Ambert entre 1919 et 1935. Sont alors ouverts au publics onze recettes, vingt facteurs-receveurs, trois recettes auxiliaires et dix agences postales. Huit communes sont encore dépourvues de bureau (la huitième est Saint-Gervais, canton d'Olliergues), qui regroupent environ trois-mille-six cent habitants sur les plus de soixante-cinq mille que compte l'arrondissement. Ces chiffres placent l'arrondissement d'Ambert en bonne position au niveau national, contrairement à ce à quoi l'on aurait pu s'attendre pour une région rurale de petite montagne assez éloignée des grands centres d'activité.

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Notes

(1) Division territoriale de la France, Direction générale de la poste, Paris, 1837 [up].
(2) Le taux de 19,7 bureaux de poste pour 100 communes en 1890 en France est donné page 63 de l'étude de N. Laparra, Des P&T à la campagne. L'exemplarité de l'Auvergne avant 1914, Les cahiers pour l'histoire de la poste n° 11, mai 2009, Apostille. La moyenne régionale (hors Allier) est alors de 20,1 %. [up].

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