Surtaxe maritime de l'U.P.U (tarif des cartes postales)


A la création, en 1874, de l’Union Générale des Postes, il fut décidé d’uniformiser les tarifs postaux entre les pays adhérents. Lors du Congrès de Paris, en 1878, l’U.G.P., devenue pour l'occasion Union Postale Universelle, instaura un tarif général, qui restera valable sur l’ensemble des territoires de son ressort jusqu’à la fin de la Première Guerre Mondiale.
Ce tarif, applicable le premier avril 1879, était fixé à 10 centimes pour la carte postale simple affranchie.

Cependant, si l’adoption d’une taxation uniformément basse, favorable aux échanges économiques, satisfaisait les membres fondateurs européens et nord-américains, les nations dont l’adhésion à l’Union avait suivi les Congrès de Berne et de Paris, essentiellement situées en Amérique latine, n’y trouvaient pas leur compte.
Leur situation géographique les laissait loin des pôles d’intérêt économiques mondiaux, et l’état de leurs finances ne leur permettait pas d’assumer des échanges postaux à petit prix. C’est la raison pour laquelle, ne désirant pas provoquer la défection de ces nouveaux adhérents, les responsables de l’Union adoptèrent le principe d’une surtaxe, applicable aux frais de transit maritime de 300 milles marins, et concernant les nations non fondatrices de l’U.G.P. Cette surtaxe ne devait pas dépasser 5 centimes, pour la carte postale.


Les Indes Néerlandaises sont entrées dans l'Union en 1877. En 1888, le tarif de la carte postale était de sept cent et demie, soit l'équivalent de 15 centimes en monnaie de l'U.P.U., surtaxe maritime comprise, surtaxe qui fut abandonnée le premier janvier 1903.

Entier postal à 7,5 cent, envoyé le 30 juillet 1888 de Magelang (Indonésie) à Breda (Pays-Bas),
arrivé le 4 septembre. Il a transité par Marseille.


Le Japon adopta la surtaxe maritime, dès son instauration, le premier avril 1879. Le tarif de la carte postale était donc de trois sen, soit l'équivalent de 15 centimes en monnaie de l'U.P.U. La surtaxe maritime fut abandonnée par le Japon le premier octobre 1897.

Entier postal à 3 sen, envoyé le 4 juillet 1893 de Kumamoto (Kyû-Shû) à Agen (Lot-et-Garonne),
arrivé après le 15 août. Il a transité par Nagasaki et Yokohama, puis l'Angleterre.


La République d'Haïti a adopté la surtaxe maritime dès son adhésion à l'Union en juillet 1881 et l'a abandonnée en mars 1906. Le tarif est resté constant pendant toute cette période, 3 centimes de gourde (15 centimes de franc) pour la carte postale à destination de l'Europe.

Entier postal à 2 centimes de gourde (10 centimes), envoyée de Haïti pour Paris en novembre 1903.
Insuffisamment affranchi, il a été taxé au double de l'insuffisance, soit 10 centimes.


L’État Indépendant du Congo, dès son adhésion à l'Union, le premier janvier 1886, adopta la surtaxe maximum autorisée, fixant son tarif à 15 centimes pour les cartes postales. Le Congo, devenu belge en 1908, abandonna la surtaxe maritime le premier avril 1910.

Carte postale, affranchie à 10 centimes, envoyée le 15 octobre 1906 de Boma à Bruxelles, arrivée
le 12 novembre. Insuffisamment affranchie, elle a été taxée au double de l'insuffisance, soit 10 centimes.


Lors de leur entrée dans l'U.P.U., le 1er octobre 1891, les Etats de la Confédération australienne, dont la Nouvelle-Galles du Sud, adoptèrent la surtaxe maritime pour les cartes postales et les imprimés. Le tarif de la carte postale pour l'étranger était fixé à 1 1/2 penny (soit 15 centimes), celui des imprimés à 1 penny (soit 10 centimes).

Objet postal, envoyé de Edgecliffe à Paris le 17 novembre 1903, affranchi au tarif de la carte postale avec surtaxe maritime, alors que, ne portant pas de correspondance au verso, il aurait pu légitimement prétendre au tarif réduit des imprimés avec surtaxe maritime.

Carte postale, affranchie à 1 penny, envoyée le 4 juillet 1903 de Sidney à Saint-Léopardin d'Augy, arrivée le 2 août. Insuffisamment affranchie, elle a été taxée au simple de l'insuffisance, soit 5 centimes, l'employé des postes de ce petit bureau, peu habitué à traiter ce type de courrier, ayant, semble-t-il, confondu l'insuffisance exprimée par les services australiens avec le montant à taxer.

Cette carte postale, envoyée de Sidney par un voyageur français, ne porte, au verso, qu'une signature, la date du 5 décembre 1904, et un affranchissement de 1 penny. Elle n'a pu, cependant, bénéficier du tarif réduit des imprimés, la mention CARTE POSTALE n'ayant pas été rayée par l'expéditeur. Les services australiens ont donc considéré qu'elle présentait un affranchissement insuffisant par rapport à leur tarif des cartes postales avec surtaxe maritime, qui était de 1 penny 1/2. La carte a alors été signalée comme comportant une insuffisance de 5 centimes. Les services français, considérant, de surcroit, l'affranchissement au verso comme irrégulier (voir le lien La Carte et la Taxe), ont taxé au tarif de la lettre, soit 25 centimes moins les 10 centimes déjà appliqués, ce qui égale, au double, 30 centimes.


Dès son entrée dans l'U.P.U., le 1er juillet 1880, l'Uruguay adopta la surtaxe maritime. Le tarif de la carte postale pour l'étranger était fixé à 3 centavos (soit 15 centimes). L'Uruguay a abandonné l'usage de la surtaxe maritime en décembre 1909.

Carte postale, affranchie à 2 centavos, envoyée le 4 mai 1905 de Montevideo à Paris.
Insuffisamment affranchie, elle a été taxée au double de l'insuffisance, soit 10 centimes.


La surtaxe maritime sera abandonnée après le Congrès de Madrid de 1920.


A lire absolument :
Surtaxes maritimes et pour services extraordinaires de l’Union – Conséquences sur la taxation des correspondances insuffisamment affranchies pour le France – 1876/1921, Robert ABENSUR, D.P. n°188.


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