Chronologie des timbres à date
en service à la recette principale
de Clermont-Ferrand de 1875 à 1900

          Au début de l'année 1875, la recette des postes de Clermont-Ferrand utilise les timbres à date introduits en 1868, caractérisés par la présence d'une indication de levée dans le bloc-dateur et par l'affichage du numéro de département dans le bas de la couronne, que les marcophiles répertorient comme type 17. Plusieurs timbres de ce type sont utilisés simultanément, ce qui n'a rien étonnant dans une recette composée. Les gravures de ces timbres varient par de légers détails dans la position et l'espacement des caractères, on en compte au moins trois, voire plus, en service en 1875. Ces différences ne sont pas toujours très évidentes à déterminer sur des frappes parfois médiocres. En octobre 1875, donnant suite à une note parue dans le bulletin des postes du mois de mai précédent, un nouveau type de timbre-dateur apparaît à Clermont-Ferrand, sur lequel l'indication du département est libellée en toutes lettres. Là encore, il existera plusieurs gravures différentes, qui vont se succéder au cours des deux décennies suivantes. La première d'entre elles se caractérise par la taille réduite de la préposition DE dans le nom du département.

          

          En 1876, alors que les anciens dateurs au type de 1868 se rencontrent encore très fréquemment, une variante au nouveau type fait son apparition, sur laquelle la préposition DE dans le nom du département est de taille normale. La première gravure du type de 1875 apparue en octobre précédent est évidemment toujours utilisée.

          

          En 1877, si l'on rencontre encore quelques marques au type de 1868, les timbres au type de 1875 s'imposent désormais largement. Aux deux gravures déjà connues s'ajoute une troisième, sur laquelle la préposition DE dans le nom du département est de taille très réduite, et la disposition des caractères de la couronne plus resserrée.

          

          On voit encore, frappées en 1878, de belles marques du type ancien de 1868, ce qui montre que ces timbres ont été conservés en bon état. Par contre, la première gravure du type de 1875 ne se rencontre plus, son utilisation ayant été plutôt brêve. La seconde variante du type de 1875 est signalée par Lavarack (La Philatélie française n° 185, décembre 1968) comme n'étant resté en service que jusqu'en novembre 1878, nous n'en avons pas d'exemple pour cette année-là, mais nous verrons que ce timbre a été utilisé ultérieurement. Enfin, la troisième variante montrant la très petite préposition DE dans le nom du département est courante tout au long de l'année.

     

          1879 est la dernière année d'utilisation de l'ancien dateur du type de 1868 à Clermont-Ferrand, dont les empreintes sont toujours bien nettes. Comme nous l'avons vu, la date de 1878 donnée par Lavarack pour la fin de l'utilisation de la seconde variante du type de 1875 se trouve en fait prolongée d'une année. La troisième variante reste en utilisation, et un quatrième modèle pour ce type de dateur fait son apparition en 1879, dans lequel la préposition DE dans le nom du département est incrite en caractères minuscules. Nous trouvons donc au moins quatre dateurs en utilisation simultanée à la recette des postes de Clermont-Ferrand.

               

          En 1880, on assiste à un renouvellement quasi complet du matériel oblitérant. Tous les timbres antérieurs ont maintenant disparu, à l'exception du dernier mis en service en 1879, et trois nouvelles gravures apparaîssent, chronologiquement cinquième, sixième et septième variantes pour le type de 1875. L'une présente la préposition DE dans le nom du département en caractères minuscules et deux étoiles à cinq branches dans les intervales de la couronne, une autre la préposition DE de taille normale et des astérisques dans les intervalles, et la dernière la préposition DE en caractères minuscules et des astérisques dans les intervalles. Les différences entre les timbres sont bien marquées, est-ce par volonté délibérée ou est-ce dû à la fantaisie du fabriquant ? Il est difficile de le savoir.

               

          La quatrième variante du type de 1875 disparaît en 1881, elle est remplacé par une nouvelle gravure, la huitième que nous ayons recensée pour ce timbre. Elle se distingue par une préposition DE dans le nom du département en lettres capitales de taille normale, deux étoiles dans les intervales, et par la cuvette du dateur légèrement élargie, entraînant une diminution de la largeur de la couronne. Les trois variantes précédentes sont certainement encore en usage, bien que nous n'en ayons pas d'exemple à montrer.

          On ne constate pas de changement en 1882, les quatre variantes du type de 1875 en utilisation à Clermont-Ferrand sont les mêmes que l'année précédente.

               

          Pour 1883, nous pouvons illustrer l'utilisation de trois des quatre timbres du type de 1875 que nous numérotons comme cinquième, sixième et huitième variantes. Nous n'avons pas rencontré la septième variante, mais nous la retrouverons plus tard vers la fin du siècle. L'année 1883 voit l'apparition d'une neuvième variante du type de 1875, caractérisée par sa cuvette élargie, la préposition DE de taille normale, et deux espacements dépourvus d'ornements dans la couronne.

               

          La cinquième variante du type de 1875 disparaît en 1883, la sixième en janvier 1884 (Lavarack, supra), et nous n'avant pas trouvé trace de la septième cette année-là. Seule la huitième variante semble être encore utilisée, ce qui paraît peu pour une recette composée nous ayant habitués à la variété de ses timbres. En revanche, une grande nouveauté fait son apparition au mois d'octobre, les timbres à date du type de 1884 montés en paire sur une machine duplex Daguin. Les deux timbres sont, de ce fait, toujours différents l'un de l'autre sur une même empreinte, ils se caractérisent essentiellement par la graphie sans empattements des lettres de la couronne, et par le cercle intérieur composé de douze tirets. On note que la graphie complète FERRAND a été remplacée par sa forme abrégée, ce qui allège la composition. Nous nommerons première et deuxième variante les deux gravures de ce type apparues à Clermont-Ferrand en 1884. Les éléments du bloc dateur sont encore gravés en caractères empattés, comme ceux des types précédents.

          En 1885, deux variantes supplémentaires du type de 1884 font leur apparition sur le matériel duplex, elles se distinguent des précédentes par de légères différences de positionnement des caractères de la couronne par rapport aux tirets du cercle intérieur. Les deux premières variantes de ce type sont encore en service, et l'on remarque que les montages sont toujours composés de la même paire, ce qui peut laisser supposer qu'il y avait deux machines dans le bureau (un document daté des années 1930 fait état de deux machines Daguin à Clermont-Ferrand, à la recette principale et au central télégraphique, lequel n'était pas encore créé en 1885). Les timbres au type de 1875 restent toujours utilisés, nous avons rencontré des empreintes de la huitième variante.

     

          Le constructeur avait prévu que les timbres à date au type de 1884 puissent être utilisés manuellement, pourvus d'un manche, en cas d'indisponibilité d'une machine. On trouve des empreintes isolées, frappées en arrivée au dos des lettres, probablement dans cette configuration.

          Il n'y a aucun changement en 1886 pour ce qui concerne les timbres au type de 1884, on les trouve toujours en frappe mécanique double, dans les mêmes configurations que précédemment. On remarque quelques signes d'usure, en particulier une cassure sur la lettre U de PUY des première et troisième variantes et la quasi-disparition du Y du même mot sur la troisième variante.

     

          La huitième variante du type de 1875 ne se rencontre plus à partir de 1886. Dans les usages manuels, elle est supplantée par la neuvième variante apparue en 1883.

          En 1887, l'utilisation des deux premières variantes du timbre à date, apparues en 1884, semble cesser à Clermont-Ferrand, nous n'avons du moins rencontré que les troisième et quatrième. Une modification importante, qui s'imposera définitivement au cours des années suivantes, fait son apparition : le millésime 87 du bloc dateur est désormais en chiffres sans empattements ni traits déliés, autrement dénommés "caractères bâton" par les collectionneurs. Les autres signes du bloc conservent pour l'heure la graphie ancienne dite "romaine". Il ne semblait pas possible aux spécialistes que les timbres à date aient pu être montés tête-bêche sur la machine Daguin : l'exemple ci-dessous semble prouver le contraire.

     

          Une belle frappe manuelle en arrivée de la troisième variante du timbre de 1884 laisse apprécier l'état de dégradation du bas de la couronne, les lettres UY DE devenant à peu près illisibles, Pour ce qui est des dateurs au type de 1875, on constate l'apparition d'une dizième variante, caractérisée par sa cuvette étroite, la préposition DE de taille normale dans le nom du département, une étoile à cinq branches bien nette dans l'espacement de droite, et une autre tronquée à gauche. Le millésime adopte évidemment la nouvelle graphie.

     

          On ne rencontre toujours que la paire constituée de la troisième et quatrième variante sur les jumelages Daguin de 1888. Curieusement, c'est celle qui comprend la gravure la plus détériorée qui a été conservée pour le timbrage. L'autre paire, en meilleur état, ne sera pas réutilisée, à notre connaissance, avant le début du vingtième siècle. La dixième variante du type de 1875 est toujours en usage. Le docteur Goubin, dans une série d'articles parus à l'été 1966 (Echo de la Timbrologie n° 1351 et ss.) illustre une onzième variante (et dernière pour ce type, pensons-nous) avec un dateur de janvier 1888. La gravure est une copie du type de 1884, avec FERRAND en abrégé, sans ornements dans les intervales et la graphie avec empattements. Nous n'avons pour notre part rencontré cette variante que l'année suivante.

          

          Le mois de mars 1889 voit la disparition totale des empreintes Daguin jumelées à la recette principale de Clermont-Ferrand. On ne les reverra plus avant l'année 1907, soit près de vingt ans plus tard. Cette longue éclipse est extrêmement surprenante, considérant la nouveauté et l'avancée technique du matériel, par ailleurs toujours très largement utilisé dans de nombreux bureaux français. Nous ne retrouverons les timbres à date au type de 1884 que cinq ans plus tard, utilisés manuellement, a priori. En attendant, les timbres au type de 1875 restent en service, nous les avons rencontrés dans leurs dixième et onzième variantes jusqu'à la fin de l'année. On remarque l'apparition épisodique de l'indication du mois en caractères droits non empattés.

          

          Au début de 1890, la recette de Clermont-Ferrand dispose de la totalité des éléments des blocs-dateurs en caractères bâton. Cela n'empêche pas l'utilisation des éléments anciens, encore en service pour quelques années. Dans les blocs utilisés au guichet des chargements, l'indication de levée est remplacée par une étoile. Nous avons rencontré les dixième et onzième variantes du type de 1875, d'autres sont encore en service, nous les verrons l'année suivante.

     

          Rien de nouveau en 1891, nous avons rencontré des empreintes des septième et neuvième variantes du type de 1875 en plus de celles de la onzième. Nous n'avons pas d'exemple de la dixième variante, certainement toujours en service.

          

          En 1892, on constate l'emploi des quatre variantes du type de 1875 déjà vues au cours des années précédentes, les septième, neuvième, dixième et onzième. Le montage des éléments de blocs-dateurs à caractères avec empattements devient rarissime.

               

          Pas de grand changement en 1893, nous relevons les neuvième, dixième et onzième variantes du type de 1875.

          

          Les quatre variantes du type de 1875 déja vues les années précédentes se retrouvent en 1894.

               

          Ce qui est plus surprenant, c'est la réapparition du timbre à date au type de 1884, après une éclipse de cinq ans, sous la forme de sa troisième variante, la plus détériorée. Rien ne permettant d'affirmer qu'il s'agit là d'empreintes obtenues par un timbre monté seul sur une machine à timbrer (Daguin dite borgne), nous devons considérer que ces frappes ont été manuelles.

          En 1895, les septième, neuvième, dixième et onzième variantes du type de 1875 sont toujours en service. On note que le timbre de la onzième variante présente fréquemment une étoile ou astérisque en place de l'indication de levée, il est possible qu'il ait été affecté de manière permanente au guichet des recommandés.

               

          On retrouve également la quatrième variante du type de 1884. La grande nouveauté réside dans la création d'une nouvelle gravure pour ce type de 1884, laquelle présente la graphie complète FERRAND au lieu de sa forme abrégée utilisée jusqu'alors. Deux variantes existent, différenciées par de légères différence de placement des caractères de la couronne. Rien ne permet d'affirmer que ces timbres aient été montés sur une machine Daguin. Nous trouvons donc en tout au moins sept timbres à dates manuels ordinaires utilisés simultanément à la recette principale des postes de Clermont-Ferrand en 1895.

          

          En 1896, les septième et onzième variantes du type de 1875 ont disparu, et nous ne rencontrons plus que les neuvième et dizième variantes.

     

          Nous retrouvons les troisième et quatrième variantes du type FD de 1884, ainsi que la seconde variante du FERRAND au même type, toujours en frappes a priori manuelles. Un autre modèle, reconnaissable à la taille normale de la préposition DE dans le nom du département, semble avoir été utilisé au guichet du télégraphe, frappé à l'encre bleue sans indication de levée.

               

          Nous n'avons rencontré aucune empreinte de timbre à date de type de 1875 en 1897. Nous n'avons trouvé que des empreintes du type de 1884, les troisième et quatrième variantes du type FD, les première et deuxième du type FERRAND, et une variante inédite caractérisée par des petits points séparant les mots formant le nom du département, que nous nommerons quatrième variante du type de 1884. On remarque que l'espacement entre les noms est nettement plus important à droite.

               

          1898 voit la dernière apparition régulière, à notre connaissance, d'une empreinte frappée par un timbre à date du type de 1875 à la recette principale de Clermont-Ferrand, en l'occurrence une dixième variante. La lecture du millésime 98 pourrait prêter à confusion (avec un 96), mais le type de carte-lettre sur lequel le timbre est frappé n'était pas encore en circulation en septembre 1896. On remarque que le nombre de levées quotidiennes devient extrêmement important. La onzième variante du timbre à date de 1875, affectée, pensons-nous, au service des recommandés, a pu y être oubliée. On la retrouvera beaucoup plus tardivement, frappée en passe en juillet 1914 sur une lettre en valeur déclarée de Paris pour Pionsat.

     

          Nous retrouvons d'autre part les deux premières variantes du type FERRAND de 1884 avec la petite préposition dans le nom du département, plus trois variantes supplémentaires (soit sept en tout au type de 1884 avec FERRAND) ayant la préposition normale et les points de séparation dans le nom du département, différant par de légers détails de positionnement des caractères de la couronne.

     

          

          En 1899, seuls les timbres à date au type de 1884 restent disponibles pour le service ordinaire à Clermont-Ferrand, dans leurs trois principales gravures et leurs variantes. Ils sont, pour ce qu'on peut constater, en frappes manuelles. Les différences dans la disposition des caractères sont parfois minimes et la qualité des empreintes souvent médiocre ne permet pas de les distinguer de façon très précise, il y probablement eu des variantes supplémentaires apparues au cours des années suivantes.

          

          La dernière année du siècle voit l'apparition à Clermont-Ferrand d'une ultime nouveauté : l'indication horaire de levée, appliquée depuis l'année précedente dans d'autres bureaux français. Sur les nouveaux blocs dateurs, le quantième est reporté à la deuxième ligne, l'heure de levée est exprimée de 1 à 12, suivie ou non du nombre des minutes, et accompagnée de la lettre  M ou S, pour indiquer une levée du matin ou du soir.