Poste aÃÂérienne
Routage et Surtaxes
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Le 8 fÃÂévrier 1919, un Farman Goliath
dÃÂécolle de Toussus ÃÂàdestination de Londres, emportant 12 passagers. Il effectue, en un peu moins de 3 heures, la premiÃÂère
liaison commerciale aÃÂérienne rÃÂéguliÃÂère en Europe. Quatre jours plus tard, Farman ouvre une ligne sur Bruxelles. Au cours de la dÃÂécennie suivante,
cinq compagnies franÃÂçaises ÃÂétendent leur rÃÂéseau en Europe, Afrique, Asie et AmÃÂérique du Sud : Farman, le pionnier, la Franco-Roumaine, Air Union,
Air Orient et l'AÃÂéropostale. Ces cinq compagnies, rÃÂéunies en 1933, donnent naissance ÃÂàla compagnie nationale Air France.
Le transport de la poste, subventionnÃÂé par l'Etat,
et dont les frais sont couverts par des surtaxes aÃÂériennes, va rapidement devenir une source de revenus non nÃÂégligeable pour ces entreprises.
La Loi de finances de 1925 (Titre II, budgets annexes, art. 167) prÃÂévoit que les objets de correspondance transportÃÂés "par la voie
de l'air" doivent acquitter une surtaxe aÃÂérienne, dont le taux "dans chaque cas particulier", sera fixÃÂé par dÃÂécret. Ce qui revient
ÃÂàdire que, pour chaque section tarifaire dÃÂéterminÃÂée du rÃÂéseau aÃÂérien, l'usager doit acquitter une surtaxe particuliÃÂère correspondant au service rendu ;
c'est, du moins, l'opinion exprimÃÂée par le Dr. R. Joany, de l'AcadÃÂémie de PhilatÃÂélie : "C'est ÃÂàdire que la surtaxe aÃÂérienne
devait ÃÂêtre celle due pour atteindre le lieu servant de charniÃÂère, augmentÃÂée de celle de ce lieu vers la destination demandÃÂée." Cette opinion
trouve sa confirmation dans l'Instruction sur le Service de la Poste aÃÂérienne de 1928 (BMPTT nÃÂð5), qui dÃÂétaille les modalitÃÂés d'application
des diffÃÂérentes surtaxes en fonction des parcours aÃÂériens.
Trois cas de figure peuvent intervenir : le
destinataire est desservi par une section unique du rÃÂéseau aÃÂérien, auquel cas, une seule surtaxe est exigible. Le destinataire est desservi
par une succession de sections, et l'expÃÂéditeur peut payer une surtaxe pour chaque section, pour un service "tout avion". Enfin, le destinataire
est desservi par une succession de sections, mais l'expÃÂéditeur ne paye la surtaxe que pour la premiÃÂère section, et dans ce cas le service
aÃÂérien est interrompu ÃÂàl'issue de celle-ci. Voyons-en l'illustration sur des lettres de l'ÃÂépoque, toutes trois adressÃÂées au mÃÂême destinataire.
Tchad 1937
RÃÂégie Air Afrique
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Notre premiÃÂère lettre est partie de Fort-Archambault,
dans le sud du Tchad, ÃÂàNoÃÂël 1937. Elle est affranchie ÃÂà2,65 francs, ce qui correspond au tarif de surface intÃÂérieur franÃÂçais de 65 centimes,
depuis le 12 juillet 1937, auquel s'ajoute la surtaxe aÃÂérienne de la RÃÂégie Air Afrique pour la France et la Belgique. Un seul des timbres-poste apposÃÂés
a ÃÂétÃÂé ÃÂémis spÃÂécialement pour la poste aÃÂérienne, mais pas pour ce tarif. La surtaxe avion de cet affranchissement est payÃÂée jusqu'ÃÂàdestination,
le terminus du service aÃÂérien ÃÂétant, en l'occurence, Oran (arrivÃÂée FÃÂés-Ville-Nouvelle le 28 dÃÂécembre 1937). Il n'y a pas de demande de routage (
si ce n'est l'ÃÂétiquette PAR AVION), l'itinÃÂéraire ne proposant pas d'alternative.
Depuis 1936, la RÃÂégie Air Afrique exploitait la
ligne d'Afrique Equatoriale remontant de Madagascar vers l'Europe, utilisant des avions Bloch 120. L'exploitation se faisait conjointement
avec la Sabena belge. La RÃÂégie avait ÃÂégalement repris la ligne transversale Tunis-Alger-Oran, fin du trajet aÃÂérien de notre lettre (cachet de transit
du 28 dÃÂécembre).
Indochine 1938
Air France
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La lettre suivante est partie de Tuyen-Quang, au Tonkin,
en mars 1938. Elle est affranchie ÃÂà77 cents de piastre. La piastre indochinoise, crÃÂéÃÂée en 1886, est devenue en 1936 un multiple du franc
franÃÂçais : 1 piastre = 10 francs. 77 cents de piastre valent donc 7,70 francs. Le tarif par voie de surface pour la France est,
ÃÂàl'ÃÂépoque, de 7 cents, la surtaxe aÃÂérienne pour l'Indochine de 3 francs (ou 30 cents) par 5 grammes, et la surtaxe aÃÂérienne pour le
Maroc est de 1 franc (ou 10 cents) par 10 grammes. Pour une lettre de 10 grammes, cela nous donne donc un affranchissement, payÃÂé pour un transport
"tout avion", de 77 cents. L'affranchissement comprenant les deux surtaxes aÃÂériennes correspond bien au routage demandÃÂé sur l'enveloppe,
PAR AVION, via HanoÃÂï Marseille Casablanca, avec "charniÃÂère" ÃÂàMarseille.
Air France a repris, avec des Dewoitine 338,
la ligne exploitÃÂée antÃÂérieurement par la compagnie Air Orient, dont l'insigne de la "Crevette" (en rÃÂéalitÃÂé, un hippocampe) a d'ailleurs ÃÂétÃÂé
conservÃÂé. Cette ligne longe les rivages de l'OcÃÂéan Indien puis de la MÃÂéditerranÃÂée jusqu'ÃÂàMarseille. Entre Marseille et Casablanca, le vol s'effectue
par le mythique Courrier Sud de l'AÃÂéropostale. La diffÃÂérence de coÃÂût entre les deux services, de 1 ÃÂà6 francs par 10 grammes s'explique,
ÃÂàl'ÃÂévidence, par la diffÃÂérence du coÃÂût d'exploitation. ArrivÃÂée ÃÂàFÃÂés-Ville-Nouvelle le 21 mars 1938.
Soudan 1938
ImpÃÂérial Airways
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Cette troisiÃÂème lettre est partie d'El Geneina,
dans l'ouest du Soudan, au dÃÂébut d'octobre 1938. Elle est affranchie ÃÂà3 piastres (ou 30 milliÃÂèmes), rÃÂépartis en 20 milliÃÂèmes pour le port
international ordinaire (tarif de novembre 1931) et 10 milliÃÂèmes pour la surtaxe aÃÂérienne (Tableau des surtaxes aÃÂériennes, B.O.M.P.T.T. nÃÂð19, juillet 1936).
Le timbre-poste soudanais a ÃÂétÃÂé ÃÂémis en 1931 ÃÂàl'occasion de l'instauration d'un service postal aÃÂérien rÃÂégulier au Soudan, et le timbre oblitÃÂérant porte
le libellÃÂé SUDAN AIR LINES. Le transport par avion n'est prÃÂévu que jusqu'ÃÂàMarseille, ainsi que l'indiquent la mention manuscrite Up to Marseilles
et les deux barres noires annulant l'ÃÂétiquette PAR AVION. Ces barres ("deux gros traits transversaux") sont trÃÂès officiellement citÃÂées par la
Convention U.P.U de 1934, comme devant ÃÂêtre apposÃÂées sur l'ÃÂétiquette PAR AVION, ou sur toute autre indication similaire, lorsque le courrier aÃÂérien se
trouve en situation d'ÃÂêtre transportÃÂé "par les moyens ordinaires" (Transport par voie aÃÂérienne, ch. 1, art. 6, ÃÂç 4).
Airmail leaflet P635D, october, 1938
Depuis El Geneina, la lettre a ÃÂétÃÂé dirigÃÂée,
par avion, vers Khartoum, oÃÂù elle a empruntÃÂé un flying boat des ImpÃÂérial Airways. Depuis l'annÃÂée prÃÂécÃÂédente, ces gros hydravions remontaient
depuis le Kenya, suivant le cours du Nil, passant par Khartoum, Alexandrie, AthÃÂènes, Brindisi, Marseille, MÃÂâcon, sur la SaÃÂône, et Southampton.
La lettre a ÃÂétÃÂé dÃÂébarquÃÂée ÃÂàMarseille, et la fin du trajet s'est effectuÃÂée par voie de surface (arrivÃÂée FÃÂés-Ville-Nouvelle le 7 octobre 1938),
bien que des moyens aÃÂériens rÃÂéguliers existassent ÃÂàcette ÃÂépoque entre Marseille et le Maroc, comme nous l'avons vu prÃÂécedemment. Mais il n'est pas sÃÂûr que
la surtaxe correspondante de 1 franc aurait pu ÃÂêtre payÃÂée au dÃÂépart ÃÂàl'Administration soudanaise ...
Sources :
Dr. R. Joany - Les lettres issues des services maritimes postaux embarquÃÂés franÃÂçais et acheminÃÂées par avion - D.P. nÃÂð80.
Icare - nÃÂð82 Les lignes Farman - nÃÂð86/90 Air Orient - nÃÂð132 La naissance des lignes africaines.
Merci ÃÂàBruno pour le brassage de l'hÃÂélice, ce qui m'a permis de lancer le moteur.
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