La poste aÃÂérienne
de l'AÃÂéronautique militaire ÃÂàl'Aviation commerciale
1917/1919
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En juillet 1912 a lieu la premiÃÂère tentative de
liaison postale par aÃÂéroplane jamais rÃÂéalisÃÂée en France. Trois sacs de courrier civil (probablement de circonstance) surtaxÃÂé ÃÂàvingt-cinq
centimes sont transportÃÂés entre Nancy et LunÃÂéville par des moyens militaires, avec l'autorisation du sous-secrÃÂétariat d'ÃÂÃÂtat aux postes. Si,
de l'avis de ses promoteurs, la dÃÂémonstration est une rÃÂéussite, elle l'est moins sur le plan strictement postal, les correspondances initialement
oblitÃÂérÃÂées le 28 juillet ÃÂàNancy n'ÃÂétant remises ÃÂàla poste de LunÃÂéville que trois jours plus tard, pour cause de mauvaises contitions
mÃÂétÃÂéorologiques. La tentative suivante, rÃÂéalisÃÂée sous l'ÃÂégide du ministÃÂère du commerce et des postes, vise ÃÂàmettre Paris en correspondance accÃÂélÃÂérÃÂée
avec un paquebot partant pour les Antilles. Elle a lieu en octobre 1913 entre Villacoublay et Pauillac, toujours avec des moyens militaires,
et ce fut a priori un succÃÂès. On peut en lire la relation dÃÂétaillÃÂée dans le numÃÂéro 353 des Feuilles Marcophiles du mois
de juin 2013. Ces premiers essais de poste aÃÂérienne restent cependant sans suite, les projets en cours ÃÂétant interrompus par la dÃÂéclaration
de guerre d'aoÃÂût 1914.
Nancy, 28 juillet 1912, pour LunÃÂéville, 31 juillet 1912, par voie aÃÂérienne.
La Commission de l'AÃÂéronautique civile
Au dÃÂébut de 1917, alors que l'issue de la guerre
reste encore trÃÂès incertaine, un arrÃÂêtÃÂé du ministÃÂère des postes datÃÂé du 6 janvier (B. M. P. & T. nÃÂð 4 de janvier 1917) institue
une Commission de l'AÃÂéronautique civile chargÃÂée d'ÃÂétudier l'utilisation de l'avion pour le service des postes. Font partie de cette
institution, prÃÂésidÃÂée par M. d'Aubigny, dÃÂéputÃÂé de la Sarthe, des politiques, des fonctionnaires des postes et deux responsables de l'aviation civile,
Henri Deutsch de la Meurthe et Robert Esnault-Pelterie. Le 15 juin 1917, un dÃÂécret prÃÂésidentiel (B. O. du ministÃÂère de la Guerre,
juillet 1917) ÃÂérige cette institution en Commission interministÃÂérielle de l'AÃÂéronautique civile, accueillant des reprÃÂésentants des ministÃÂères de
la guerre, de la marine, des colonies et des sous-secrÃÂétariats de l'aÃÂéronautique militaire et des transports. Le 31 dÃÂécembre 1917, un arrÃÂêtÃÂé
interministÃÂériel (J. O. du 1er janvier 1918) stipule que tant que l'administration des P.T.T. ne sera pas en mesure d'assurer les transports postaux
aÃÂériens par ses propres moyens, elle devra s'appuyer sur ceux du sous-secrÃÂétariat d'ÃÂÃÂtat ÃÂàl'aÃÂéronautique militaire * pour ce qui concerne les terrains,
les matÃÂériels (rÃÂéparations et entretien compris) et les fournitures. Le coÃÂût de ces moyens devra ÃÂêtre remboursÃÂé au sous-secrÃÂétariat. Des personnels militaires,
dont les dÃÂépenses seront ÃÂégalement supportÃÂées par les postes, doivent ÃÂêtre dÃÂétachÃÂés pour le fonctionnement des lignes aÃÂériennes. Il est entendu par l'arrÃÂêtÃÂé du
31 dÃÂécembre 1917 que les personnels et matÃÂériels libÃÂérÃÂés par les militaires pour le service postal doivent ÃÂêtre inaptes au service de la guerre.
Toutes ces dispositions laissent clairement entendre l'intention de l'administration des postes d'exploiter elle-mÃÂême, ÃÂàterme, le rÃÂéseau mÃÂétropolitain
de poste aÃÂérienne.
* Le sous-secrÃÂétariat ÃÂàl'aÃÂéronautique militaire a ÃÂétÃÂé crÃÂéÃÂé le 20 mars 1917, par transformation de la Direction de l'AÃÂéronautique.
Il a englobÃÂé l'aÃÂéronautique maritime le 17 aoÃÂût 1917. Il est dirigÃÂé par le dÃÂéputÃÂé J.-L. Dumesnil depuis le 13 septembre 1917 (Archives de
l'aÃÂéronautique militaire de la 1ÃÂè G. M., S.H.D.)
En mars 1918, deux lignes aÃÂériennes postales sont crÃÂéÃÂées ÃÂàtitre d'essai sous l'ÃÂégide
de la Commission de l'AÃÂéronautique civile, et il est prÃÂévu qu'elles soient opÃÂérationnelles dÃÂès le dÃÂébut de juin. Le premier projet, qui reprend une idÃÂée d'avant-guerre,
consiste ÃÂàÃÂétablir une liaison entre Paris et Nice, via Lyon et Marseille, avec une possible dÃÂérivation vers la Corse. Le second, ÃÂàl'ÃÂétude depuis l'annÃÂée prÃÂécÃÂédente,
vise ÃÂàrelier Paris et Saint-Nazaire, siÃÂège d'une importante base amÃÂéricaine. Ces deux projets amÃÂènent la Commission ÃÂàprÃÂévoir la crÃÂéation d'emplois civils en plus de
l'utilisation des personnels militaires *, l'entretien d'avions, de moteurs, d'automobiles, de hangars, l'achat d'essence et d'huiles, sans oublier l'organisation du
transport des dÃÂépÃÂêches entre les bureaux de poste et les aÃÂérogares. Tout ceci a un coÃÂût, estimÃÂé ÃÂàplus d'un million-quatre-cent-mille francs pour l'annÃÂée. Une premiÃÂère
demande de crÃÂédits de cent-dix-sept-mille francs, ÃÂàprendre sur le budget de 1918 et couvrant les besoins des projets de transports postaux par avion
jusqu'au 30 juin, est prÃÂésentÃÂée aux dÃÂéputÃÂés et sÃÂénateurs par le ministÃÂère du commerce. AccompagnÃÂée d'un exposÃÂé des motifs qui envisage l'instauration
de surtaxes postales pour couvrir une partie des frais du transport aÃÂérien, elle est acceptÃÂée ÃÂàl'unanimitÃÂé par la Commission du budget (SÃÂénat, 27 juin 1918).
Au total, la dotation budgÃÂétaire pour les transports postaux par avions (personnels, matÃÂériels et dÃÂépenses diverses) s'ÃÂélÃÂève ÃÂàhuit-cent-dix-huit-mille francs
pour l'annÃÂée 1918 (Chambre, 12 fÃÂévrier 1919).
* Six civils (commis, tÃÂélÃÂéphonistes, dactylographe) figurent au budget de 1919, pour cent-vingt militaires (aviateurs et mÃÂécaniciens).
Entre-temps, quelques vols d'essais sont menÃÂés par les aviateurs militaires entre Vincennes
et Lyon tout d'abord, puis entre Paris et Marseille. D'autres vols sont effectuÃÂés, toujours par les militaires, sur Paris-Londres au printemps de 1918. DotÃÂée de
ses premiers moyens financiers, et ayant attendu l'arrivÃÂée de la belle saison, compte-tenu du fait que l'aviation reste encore trÃÂès tributaire des conditions
atmosphÃÂériques, la Commission de l'AÃÂéronautique peut enfin mettre ses propres projets ÃÂàexÃÂécution.
Le service aÃÂéropostal de la Corse
Les hydravions F.B.A. monomoteurs de 150 ch. basÃÂés dans le port de Nice.
(La Science et la Vie nÃÂð40, aoÃÂût 1918)
L'idÃÂée de la crÃÂéation d'une ligne aÃÂérienne entre Paris et Nice
datait d'avant la guerre, et elle est donc conservÃÂée par la Commission, avec un prolongement envisagÃÂé vers GÃÂènes et Rome. Cette ligne devant survoler la mer,
il paraÃÂît opportun de rÃÂéaliser des essais d'hydravions entre la CÃÂôte d'Azur et la Corse. Le 17 mai 1918, un appareil F.B.A. monomoteur de cent-cinquante
chevaux, appartenant au dÃÂétachement niÃÂçois du C.A.M. d'Antibes, relie Nice ÃÂàCalvi sans soucis majeurs. Cependant, l'idÃÂée que les bimoteurs sont mieux adaptÃÂés
ÃÂàun usage rÃÂégulier que les monomoteurs * incite les dÃÂécideurs ÃÂàattendre l'affectation d'un hydravion Borel-Odier type T de quatre-cent-quarante chevaux
avant d'inaugurer la ligne postale. En attendant, une dizaine de traversÃÂées d'essai sont rÃÂéalisÃÂées avec les monomoteurs.
* Cette idÃÂée, ÃÂàl'ÃÂépoque, n'est pas forcÃÂément juste, un bimoteur, plus lourd et moins maniable, ne tenant pas mieux l'air sur un seul moteur
qu'un monomoteur en panne.
Un hydravion Borel-Odier bimoteur de 440 ch.
L'hydravion bimoteur n'ayant ÃÂétÃÂé reÃÂçu ÃÂàNice qu'au mois d'aoÃÂût,
la premiÃÂère liaison postale officielle a lieu le 15 septembre 1918, et ce n'est pas un franc succÃÂès. La fiabilitÃÂé du bimoteur laissant quelques doutes aux marins,
ils prÃÂéfÃÂèrent le faire escorter par un monomoteur. Au bout du compte, les deux appareils, en panne, regagnent leur base sans avoir pu gagner la Corse, dont l'un
en remorquage derriÃÂère une vedette de la Marine (Le collectionneur de timbres-poste nÃÂð449, octobre 1918). Le lendemain, une seconde tentative, bien que
passablement laborieuse, est tout de mÃÂême couronnÃÂée de succÃÂès (Le Rappel, 17 septembre 1918). Au moins trois autres voyages postaux ont lieu jusqu'ÃÂàla fin
de septembre (P. Saulgrain, 100 ans de poste aÃÂérienne en France, Roumet), mais la perte du bimoteur, disparu en mer avec son ÃÂéquipage dÃÂébut novembre,
mettra fin ÃÂàl'expÃÂérience peu avant l'Armistice.
Le Rappel, 17/09/1918
De Calvi le 22/09/1918 pour Marseille, routage demandÃÂé par avion, pas de date d'arrivÃÂée
La liaison ferro-aÃÂérienne Paris-Nice
A la fin du mois de mars 1919, les infrastructures de la ligne Paris-Nice
sont achevÃÂées dans les rÃÂégions mÃÂéridionales, et une liaison aÃÂérienne postale d'essai peut ÃÂêtre mise en place entre Avignon et Nice, ÃÂàl'aide de BrÃÂéguet-14 militaires
(Le Matin, 23 mars 1919). Loin d'ÃÂêtre antagonistes, les moyens de transport ferroviaire et aÃÂérien sont logiquement appelÃÂés ÃÂàse complÃÂéter,
particuliÃÂèrement dans le sud oÃÂù le rÃÂéseau a ÃÂétÃÂé ÃÂépargnÃÂé par la guerre. C'est ainsi que la ligne aÃÂérienne Paris-Nice, encore beaucoup trop longue pour ÃÂêtre exploitÃÂée
entiÃÂèrement par avion, compte-tenu des moyens de l'ÃÂépoque, va largement s'appuyer sur la voie ferrÃÂée du P.L.M. Les sacs de dÃÂépÃÂêches venant de Paris et Lyon sont
dÃÂéposÃÂés le matin ÃÂàAvignon par le rapide de nuit, et un avion de la base d'Istres les livre ÃÂàNice pour la distribution de midi. Au retour, les dÃÂépÃÂêches de Nice
arrivent ÃÂàAvignon ÃÂàtemps pour prendre le rapide du soir vers Paris. Le mois suivant, un essai est rÃÂéalisÃÂé entre Tarascon et Nice (Ouest-Eclair, 2 avril
1919), sans doute pour ajuster le trajet aÃÂérien aux points d'ÃÂéchange des dÃÂépÃÂêches ferroviaires. Trois semaines plus tard, Jules VÃÂédrines se tue au-dessus de la DrÃÂôme
lors d'une tentative de liaison directe Paris-Rome par le Mont-Blanc, ÃÂàbord d'un bombardier biplace Caudron-C23 transportant des dÃÂépÃÂêches postales.
La ligne aÃÂéropostale de Saint-Nazaire
Le premier projet de la Commission de l'AÃÂéronautique, ÃÂénoncÃÂé dÃÂès
le mois d'aoÃÂût 1917, concernait une liaison aÃÂérienne postale entre Paris et Saint-Nazaire, dont l'organisation est confiÃÂée au commandant d'Aiguillon. L'attribution
des moyens nÃÂécessaires ÃÂàl'installation des infrastructures ayant quelque peu traÃÂînÃÂé, la ligne n'est officiellement ouverte que le 17 aoÃÂût 1918, deux appareils
militaires Letord dÃÂéclassÃÂés du service actif effectuant le vol Paris (Le Bourget)-Le Mans (Pontlieu)-Saint-Nazaire (Escoublac) en un peu plus de quatre heures.
L'appareil postal, accidentÃÂé ÃÂàl'atterrissage au Mans, passera le relais ÃÂàl'appareil de secours qui peut poursuivre jusqu'ÃÂàSaint-Nazaire. ConformÃÂément ÃÂàl'arrÃÂêtÃÂé
de fin dÃÂécembre 1917, les deux pilotes sont inaptes au service de guerre, l'un ayant ÃÂétÃÂé plusieurs fois blessÃÂé, l'autre s'ÃÂétant ÃÂévadÃÂé d'Allemagne
(Le Matin, 18 aoÃÂût 1918).
Un bimoteur Letord-4 triplace de reconnaissance (A3) dÃÂésarmÃÂé de la ligne de Saint-Nazaire.
Il arbore un drapeau tricolore au nom du SERVICE POSTAL qui ne doit pas favoriser la traÃÂînÃÂée.
Jusqu'au 2 septembre, un mÃÂême appareil effectue le trajet complet
Paris ÃÂàSaint-Nazaire (avec un arrÃÂêt au Mans) avant de retourner vers Paris, mais ÃÂàpartir du 4 septembre, deux avions partent simultanÃÂément du Bourget et
d'Escoublac et se rejoignent au Mans, ÃÂéchangent leurs dÃÂépÃÂêches puis repartent vers leur terrain d'origine. L'ouverture d'une escale ÃÂàNantes (Le BÃÂèle) est
prÃÂévue dans les semaines suivantes, aprÃÂès accord entre les autoritÃÂés civiles et militaire pour l'utilisation du terrain d'atterrissage (Le Temps,
26 aoÃÂût 1918). A la mi-dÃÂécembre, des BrÃÂéguet-14 monomoteurs remplacent les Letord bimoteurs, qui ne tiennent de toute maniÃÂère pas en vol sur un seul
propulseur. Une soixantaine de liaisons sont ainsi effectuÃÂées jusqu'au 10 janvier 1919, dans un temps trois fois moindre que par chemin de fer,
nous dit la presse.
De Paris pour Saint-Nazaire, 17/08/1918. L'heure de la levÃÂée est celle du dÃÂépart de l'avion.
(Roumet 542/424)
Les correspondances, non surtaxÃÂées, sont revÃÂêtues d'un dateur circulaire
PARIS / AVIATION, d'une griffe de service aÃÂérien LIGNE POSTALE AÃÂÃÂRIENNE / de PARIS ÃÂàST-NAZAIRE, ÃÂéventuellement de griffes
d'escale AÃÂéro-Gare / DU MANS ou AÃÂéro-Gare / D'ESCOUBLAC et d'une ÃÂétiquette rouge PAR AVION dont le concept,
dÃÂû ÃÂàun certain M. Rouillard, sera destinÃÂé ÃÂàpasser ÃÂàla postÃÂéritÃÂé (AÃÂéro-philatÃÂélie, 26 fÃÂévrier 1926). Le 17 aoÃÂût 1918
est donc la premiÃÂère date d'utilisation de cette cÃÂélÃÂèbre vignette, laquelle ne sera officialisÃÂée que nettement plus tard (Bulletin mensuel des
postes nÃÂð6, avril 1919).
Griffes de service aÃÂérien postal, vignette PAR AVION et dateur PARIS-AVIATION.
Le rapport de la Chambre de fÃÂévrier 1919
Lors du vote du buget de 1919, les dÃÂéputÃÂés entÃÂérinent une augmentation
des crÃÂédits dÃÂédiÃÂés aux tranports postaux par avions. Des huit-cent-dix-huit mille francs votÃÂés en 1918, on passe dÃÂésormais ÃÂàun million-quatre-cent-mille
francs, somme dÃÂéja estimÃÂée comme nÃÂécessaire lors des ÃÂétudes du printemps prÃÂécÃÂédent. Mais si les dÃÂéputÃÂés sont d'accord pour allouer ces crÃÂédits ÃÂàl'administration
des postes, ils s'inquiÃÂètent de savoir dans quelle mesure celle-ci a l'intention de les employer. DÃÂès la
fin de 1918, la question a ÃÂétÃÂé posÃÂée aux postiers : ont-ils fixÃÂé les bases et les conditions de l'organisation dÃÂéfinitive du service postal par avions ?
Cette question porte en particulier sur le recrutement d'un personnel civil en remplacement du personnel militaire (aviateurs et mÃÂécaniciens), et de la dÃÂétermination
de son statut. La rÃÂéponse de l'administration des postes reste ÃÂévasive, arguant que les expÃÂériences en cours devront se poursuivre encore longtemps avant la mise en
place d'une rÃÂéglementation ferme. Loin de satisfaire les dÃÂéputÃÂés, cette rÃÂéponse les amÃÂène ÃÂàconclure qu' ÃÂàmoins que l'Administration ne se dÃÂésintÃÂéresse
complÃÂètement de cette entreprise (mais alors, qu'elle le dise), il est grand temps qu'elle examine et rÃÂésolve promptement les divers problÃÂèmes que pose, en matiÃÂère
de transports postaux par avions, la situation crÃÂéÃÂée par la fin des hostilitÃÂés. ( Impressions, DÃÂéputÃÂés, 12 fÃÂévrier 1919)
En marge de la prÃÂésentation du budget, un rapport sur le service des
transports postaux par avions est publiÃÂé par les dÃÂéputÃÂés en fÃÂévrier 1919. AprÃÂès avoir rÃÂésumÃÂé la situation pour ce qui concerne notamment l'arrÃÂêtÃÂé du 31 dÃÂécembre
1917, l'attribution des crÃÂédits et la crÃÂéation des lignes Paris-Nice et Paris-Saint-Nazaire, ce rapport entreprend d'en dresser un premier bilan. En premier lieu, il
relÃÂève le fait que l'administration des postes n'a fourni aucun renseignement au sujet de la ligne Paris-Nice, si ce n'est que les projets de prÃÂévision sont
terminÃÂés pour ce qui concerne la section Marseille-Nice, ce qui reste trÃÂès vague (nous avons vu plus haut que la section Avignon-Nice ne sera inaugurÃÂée qu'en
mars suivant, toujours avec des moyens militaires). Les dÃÂéputÃÂés ne peuvent que constater qu'en dÃÂépit des crÃÂédits allouÃÂés, rien de trÃÂès concret n'a ÃÂétÃÂé
fait sur la ligne mÃÂéridionale, mis ÃÂàpart quelques vols peu rÃÂéussis vers la Corse.
En ce qui concerne Paris-Saint-Nazaire, si les postes estiment que les vols
d'essai ont donnÃÂé des rÃÂésultats de plus en plus satisfaisants, le rapporteur juge pour sa part qu'ils ont ÃÂétÃÂé menÃÂés timidement, sans suite, sans mÃÂéthode,
sans rÃÂésultats concluants *. Pire, il soupÃÂçonne un grand nombre de vols d'avoir ÃÂétÃÂé effectuÃÂés ÃÂàblanc, c'est ÃÂàdire sans transporter de poste, ni respecter
un quelconque horaire, aussi invraisemblable que cela puisse paraÃÂître. Il pointe du doigt le dÃÂéfaut majeur du systÃÂème, l'organisation hybride issue des termes
de l'arrÃÂêtÃÂé du 31 dÃÂécembre 1917, le partage des responsabilitÃÂés entre postiers et militaires, et leur manque de cohÃÂésion manifeste. Il rÃÂéclame donc que l'administration
des postes tienne ses engagements vis-ÃÂà-vis du Parlement qui lui a attribuÃÂé des fonds consÃÂéquents, et ÃÂétablisse pour son rÃÂéseau aÃÂérien un programme gÃÂénÃÂéral qui tienne
compte des rÃÂéalitÃÂés ÃÂéconomiques et postales.
* Un rapport du dÃÂéputÃÂé d'Aubigny, directeur de la C.I.A.C., datÃÂé du 21 novembre 1918 (Impressions, DÃÂéputÃÂés, 1er octobre 1919), est
accablant : matÃÂériel inadaptÃÂé qui ne permet pas de voler par mauvais temps, pannes, insuffisance ou mauvaise qualitÃÂé des pilotes, manque de communication avec
l'ArmÃÂée, retards importants dans les livraisons de matÃÂériel. Le dÃÂéputÃÂé souligne le mauvais vouloir persistant des militaires, opposÃÂés ÃÂàla rÃÂéussite des
essais, et ne peut que rendre compte de l'ÃÂéchec de l'entreprise, qui ÃÂétait d'estimer le prix de revient du transport postal aÃÂérien par tonne kilomÃÂétrique.
Les lignes postales militaires
Avant mÃÂême la fin des hostilitÃÂés, des entrepreneurs civils
commencent ÃÂàenvisager la mise en place de l'aviation commerciale d'aprÃÂès-guerre. En septembre 1918, P.-G. LatÃÂécoÃÂère, dont l'usine de wagons de chemin de fer
produit des avions militaires depuis l'annÃÂée prÃÂécÃÂédente, dÃÂépose au sous-secrÃÂétariat ÃÂàl'aÃÂéronautique un mÃÂémoire concernant une ligne aÃÂérienne reliant Toulouse au
Maroc, voire au SÃÂénÃÂégal *. Deux mois plus tard est ÃÂébauchÃÂé entre les deux parties un traitÃÂé de concession pour une ligne aÃÂérienne Toulouse-Rabat ( Les lignes
LatÃÂécoÃÂère, R. Danel, Privat). Afin d'assurer la relation entre l'ÃÂÃÂtat et les entrepreneurs privÃÂés dÃÂésireux d'organiser des transports aÃÂériens, un Service
de l'AÃÂéronautique civile est mis en place dÃÂès le 15 janvier 1919 ÃÂàla Direction de l'AÃÂéronautique (l'ancien sous-secrÃÂétariat d'ÃÂÃÂtat) du ministÃÂère de la Guerre
( L'HumanitÃÂé, 17 janvier 1919). En fÃÂévrier 1919 est crÃÂéÃÂée une Commission consultative de l'AÃÂéronautique, chargÃÂée de coordonner les travaux relatifs
ÃÂàla navigation aÃÂérienne (dÃÂécret du 5 fÃÂévrier 1919).
* Ses biographes (Massimi, Daurat) rapportent que LatÃÂécoÃÂère a dÃÂéposÃÂé entre les mains du sous-secrÃÂétaire d'ÃÂÃÂtat l'ensemble du projet de la ligne aÃÂéromaritime
allant jusqu'ÃÂàBuenos-Aires ; il semble cependant dÃÂélicat de l'affirmer, en l'absence du texte original. Le 25 dÃÂécembre 1918, passager d'un biplace Salmson
assemblÃÂé dans ses propres usines, P.-G. LatÃÂécoÃÂère effectue le premier vol d'essai de sa ligne entre Toulouse et Barcelone.
Mais celÃÂàn'empÃÂêche pas les militaires de mettre des lignes
postales en place sur leur propre budget. C'est ainsi que vont fonctionner, au dÃÂébut de 1919, plusieurs liaisons reliant Paris aux rÃÂégions du nord,
de l'est et du sud-ouest.
La liaison militaire vers l'Alsace et la Lorraine
En janvier 1919, pour remÃÂédier ÃÂàla lenteur des correspondances avec
les services d'Alsace et de Lorraine, la Direction de l'AÃÂéronautique organise une ligne postale purement militaire entre Paris et Metz, Strasbourg et Colmar (Le collectionneur
de timbres-poste, janvier 1919). Une escadrille postale nÃÂð 472 est semble-t-il attachÃÂée ÃÂàcette ligne, bien que d'autres unitÃÂés y aient aussi transportÃÂé du
courrier. Un rapport d'accident d'avion postal survenu dans la rÃÂégion de Saint-Dizi |