Tarif frontalier pour Le Perthus
  
      Le 5 août 1859, une convention de poste est signée entre l'Espagne et la France, instaurant un nouveau régime de port payé en timbres-poste. Au départ d'Espagne, une lettre pour la France, pesant au maximum quatre adarmes (7,189 grammes), doit être affranchie à douze cuartos (37,08 centimes). Cependant, une réduction de tarif est accordée aux lettres ne parcourant pas plus de trente kilomètres en ligne droite entre un bureau espagnol et un bureau français. Dans ce cas particulier, l'affranchissement requis n'est plus que de six cuartos pour la lettre de quatre adarmes*.

      Une nouvelle monaie, la peseta, basée sur le système décimal, est introduite en Espagne en octobre 1868. Une convention additionnelle de poste, signée le 23 mars 1870, transforme l'échelon de poids de quatre adarmes en échelon de dix grammes**. A partir du 29 juillet 1870, les douze cuartos du tarif pour la France sont convertis en 36 centimos de peseta, et le tarif réduit frontalier en 18 centimos.

      Sur le plan politique, l'abdiquation du roi Amédée Ier, en février 1873, entraîne la proclamation d'un régime républicain, et sur le plan postal l'impression de nouveaux timbres-poste, montrant une allégorie de la République, dont la valeur faciale est exprimée en peseta ou en centimo. Mais aucune valeur spécifique n'est prévue pour l'affranchissement de la lettre simple pour la France, ni pour le tarif frontalier réduit.

      L'expéditeur de la lettre ci-dessus, envoyée de Figueras (Gérone) pour Le Perthus (Pyrénées-Orientales) le 3 juillet 1874, l'a affranchie à trente centimos. Cet affranchissement, qui aurait été insuffisant pour le tarif ordinaire, est cependant largement excédentaire pour le tarif réduit, la distance entre les deux bureaux ne dépassant pas trente kilomètres. L'application de deux timbres-poste aurait donc suffit (20 centimos pour les 18 requis).

      Au début de janvier 1874, un coup d'Etat militaire met fin à la Première République espagnole. De nouveaux timbres-poste sont émis, à l'effigie de la Justice. Les faciales particulières pour le courrier à destination de la France ne sont toujours pas prévues. L'expéditeur de la lettre ci-dessus, envoyée de Figueras pour Le Perthus le 30 septembre 1874, s'est donc contenté d'apposer deux vignettes postales à 10 centimos, pour réaliser un affranchissement frontalier très légèrement superfétatoire.

Les affranchissements frontaliers de Catalogne en 1873/1874 sont très rares.

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* : convention de postes, art. 9 et  10.
** : convention additionnelle, art. 1.