Les boÃÂîtes rurales de Melun en 1836
|
En 1836, Melun, dotÃÂé d'une direction des postes, et peuplÃÂé de six-mille-six-cents
habitants est le chef-lieu du dÃÂépartement de la Seine-et-Marne, et aussi le chef-lieu des deux cantons de Melun. Les cantons nord et sud de Melun sont disposÃÂés de part et
d'autre de la Seine. Le canton nord comprend seize communes, en plus de Melun mÃÂême, dont aucune ne dispose d'un bureau de poste. Le canton sud comprend quatorze communes,
dont deux abritent un bureau de poste, une direction ÃÂàPonthierry et une distribution en dÃÂépendant ÃÂàChailly. A partir de 1830, dans chaque commune dÃÂépourvue de bureau
de poste, une boÃÂîte aux lettres a ÃÂétÃÂé installÃÂée par l'Administration, visitÃÂée par un facteur rural.
Melun emploie cinq facteurs ruraux qui visitent la totalitÃÂé des boÃÂîtes situÃÂées
dans le canton nord, mais aussi deux boÃÂîtes situÃÂées dans le canton sud, sur la rive gauche de la Seine, ÃÂàDammarie-les-Lys et ÃÂàLa Rochette. Les autres boÃÂîtes
du canton sud sont relevÃÂées par les facteurs ruraux de Ponthierry et Chailly. Les facteurs ruraux de Melun desservent ÃÂégalement quatre communes situÃÂées en dehors des
cantons dÃÂépendant de Melun, RÃÂéau (dans le canton de Brie-Comte-Robert), Chartrettes et Moisenay (Le ChÃÂâtellet) et Bois-le-Roi (Fontainebleau).
Le RÃÂèglement concernant la constatation du produit des taxes de lettres,
journaux et imprimÃÂés admis dans la comptabilitÃÂé des prÃÂéposÃÂés des postes sans l'intervention d'un contrÃÂôle extÃÂérieur, publiÃÂé en novembre 1835 par l'Administration
des postes, prescrit (article 150) aux directeurs de tenir un ÃÂétat nÃÂð 922 bis sur lequel est dÃÂécrite l'organisation du service de leurs
arrondissements ruraux tels qu'ils se prÃÂésentent en dÃÂébut d'annÃÂée, ainsi que les modifications survenant en cours d'annÃÂée. C'est grÃÂâce ÃÂàun document de ce type que
nous pouvons tenter une description des tournÃÂées des facteurs ruraux de l'arrondissement rural de Melun au dÃÂébut de l'annÃÂée 1836. Au nombre de cinq, ces tournÃÂées sont
quotidiennes, se succÃÂédant autour de Melun, numÃÂérotÃÂées de 1 ÃÂà5 en partant du nord, et en suivant le sens des aiguilles d'une montre. Tous les facteurs rÃÂésident
ÃÂàMelun, il n'y a ni facteur de relais, ni boÃÂîtes supplÃÂémentaires, ni distribution d'un jour sur l'autre.
TournÃÂée numÃÂéro 1
Cyprien Turplin, 56 ans, facteur rural depuis 1830 au salaire annuel de
600 francs, part de Melun tous les matins pour se rendre ÃÂàRÃÂéau (341 h.), dans le canton voisin de Brie-Comte-Robert. LÃÂà, il lÃÂève la boÃÂîte portant la lettre
indicative A, et effectue la distribution, dans la commune, du courrier qu'il a apportÃÂé du bureau de poste de Melun. Au sein d'un mÃÂême arrondissement rural,
chaque boÃÂîte aux lettres porte un timbre-lettre indicatif, dont l'ordre alphabÃÂétique correspond ÃÂàl'ordre de la tournÃÂée, et dont l'empreinte doit ÃÂêtre relevÃÂée sur le
part du facteur et sur les lettres qu'il trouve dans la boÃÂîte. Une fois son service effectuÃÂé ÃÂàRÃÂéau, il se rend ÃÂàNandy (391 h.), dont la boÃÂîte est identifiÃÂée
par la lettre B, pour y continuer son service, puis ÃÂÃÂ Savigny-le-Temple (562 h., lettre C), ÃÂÃÂ Cesson (349 h., lettre D),
et ÃÂàVert-Saint-Denis (544 h., lettre E), avant de rentrer ÃÂàMelun. Entre chaque commune, il se rend dans les ÃÂécarts, hameaux, propriÃÂétÃÂés, fermes,
ateliers ou manufactures dans lesquels il a ÃÂéventuellement du courrier ÃÂàremettre. Au bout du compte, sa tournÃÂée est estimÃÂée ÃÂàsept lieues de poste, soit environ
27 kilomÃÂètres ÃÂàpied.
TournÃÂée numÃÂéro 2
Antoine Chapu, 59 ans, facteur rural depuis 1830 au salaire annuel de
600 francs, part de Melun tous les matins pour se rendre ÃÂÃÂ Rubelles (185 h., lettre F). Il se rend ensuite ÃÂÃÂ Moisenay (874 h., lettre G),
situÃÂée dans le canton voisin du ChÃÂâtelet, puis ÃÂàSaint-Germain-l'Axis (161 h., lettre H), ÃÂàAubigny (130 h., lettre I), ÃÂàMontereau-sur-Jard
(124 h., lettre J), et enfin ÃÂàVoisenon (389 h., lettre K), avant de rentrer ÃÂàMelun, sa tournÃÂée ÃÂétant estimÃÂée ÃÂàsept lieues de poste.
Montereau et Aubigny, les deux communes les moins peuplÃÂées de l'arrondissement rural de Melun, fusionneront en 1842.
TournÃÂée numÃÂéro 3
Antoine Bergoin, 35 ans, facteur rural depuis 1830 au salaire annuel de
570 francs, part de Melun tous les matins pour se rendre ÃÂÃÂ Maincy (1023 h., lettre L). Il se rend ensuite ÃÂÃÂ Chartrettes (504 h., lettre M),
situÃÂé dans le canton voisin du ChÃÂâtelet, puis ÃÂàLivry (253 h., lettre N), et enfin ÃÂàVaux-le-Penil (703 h., lettre O), avant de
rentrer ÃÂàMelun, sa tournÃÂée ÃÂétant estimÃÂée ÃÂàsept lieues de poste. Maincy est la commune la plus peuplÃÂée de l'arrondissement rural de Melun.
TournÃÂée numÃÂéro 4
Louis-Jacques-Marie Sou, 39 ans, facteur rural depuis 1830 au salaire annuel de
540 francs, part de Melun tous les matins pour se rendre ÃÂÃÂ Dammarie-les-Lys (802 h., lettre P), sur la rive gauche de la Seine. Puis il se rend ÃÂÃÂ
Bois-le-Roi (929 h., lettre Q), situÃÂé dans le canton de Fontainebleau. Il retourne ensuite vers Melun en passant par La Rochette (201 h.,
lettre R). Sa tournÃÂée est estimÃÂée ÃÂàsept lieues de poste.
TournÃÂée numÃÂéro 5
Antoine-Louis Savard, 23 ans, facteur rural depuis un peu plus d'an au salaire
annuel de 540 francs, part de Melun tous les matins pour se rendre ÃÂàLe MÃÂée (401 h., lettre S). Il se rend ensuite ÃÂàBoissettes (173 h.,
lettre T), avant d'aller ÃÂÃÂ Boissise-la-Bertrand (311 h., lettre U) et ÃÂÃÂ Seine-Port (682 h., lettre V). Il rentre enfin ÃÂÃÂ
Melun aprÃÂès un circuit estimÃÂé ÃÂàsix lieues de poste.
L'enquÃÂête postale de 1847
Un RelevÃÂé par dÃÂépartement du nombre de communes et autres localitÃÂés ayant une
appellation propre en France effectuÃÂé d'aprÃÂès le rÃÂésultat de l'enquÃÂête gÃÂénÃÂérale faite au mois de novembre 1847 par les soins de l'Administration des postes nous
fournit une estimation des quantitÃÂés de courrier transportÃÂées douze ans plus tard par les facteurs ruraux de Seine-et-Marne.
MenÃÂée sur une pÃÂériode de quatorze jours au mois de novembre 1847, l'enquÃÂête
relÃÂève le nombre de 3900 objets distribuÃÂés, lettres missives, journaux, imprimÃÂés et dÃÂépÃÂêches administratives. RamenÃÂé au quotidien, le rÃÂésultat donne 280 objets,
soit environ 55 objets distribuÃÂés par facteur. Les objets relevÃÂés s'ÃÂélÃÂèvent ÃÂàenviron 18 objets par facteur, sachant qu'il ne trouvent a priori ni
journaux, ni imprimÃÂés dans les boÃÂîtes aux lettres rurales. Ces chiffres sont seulement indicatifs, l'enquÃÂête ayant ÃÂétÃÂé rÃÂéalisÃÂée sur un laps de temps trÃÂès court, et
comportant probablement des lacunes, voire des erreurs de transcription (les chiffres concernant Seine-Port, en particulier, paraÃÂîssent trÃÂès ÃÂélevÃÂés par rapport ÃÂàla moyenne
du tableau).