Timbres dateurs des bureaux secondaires



dateur b

      Pendant longtemps, les administrateurs des Postes n'ont pas jugé utile de faire figurer une quelconque date sur les lettres dont ils avaient la charge. Après quelques utilisations sporadiques, toujours en arrivée, c'est en 1828 (Circulaire n°125) que le Directeur Général des Postes en impose l'usage à ses subordonnés : " Vous voudrez bien, à dater du 1er  février courant, appliquer sur toutes les lettres la date du jour de leur expédition ". Cette directive ne concerne que les bureaux faisant départ, c'est à dire les bureaux de direction, et ceux des bureaux de distribution qui font dépêche sur Paris. Après l'abandon du timbre rectangulaire de février 1828, l'emploi du dateur à cercle unique, sans indication de bureau, va se généraliser.
Dans un premier temps, la grande majorité des bureaux de distribution n'a pas besoin d'un timbre dateur, celui-ci étant appliqué par le bureau de direction (Article 65 de l’Instruction spéciale sur le service des distributeurs, avril 1834 : "Dans les distributions qui ne correspondent point avec Paris, la date de l'expédition est constatée par les bureaux avec lesquels elles sont en relation, au moyen de l'apposition de leur timbre ordinaire au-dessous du timbre particulier appliqué par les distributeurs". Une incertitude demeure sur la date de dotation de ces distributions en timbre à date. La circulaire 33 du 20 décembre 1848 indique que "Les directeurs et distributeurs appliqueront sur les timbres-poste apposés sur les lettres le timbre à date de leur bureau fortement imprégné d'encre", instruction confirmée par la circulaire Thayer n°2 du 3 janvier 1849, mais cela ne devait concerner que les distributions faisant départ. Pour les autres distributions, la date généralement admise est celle du 1er juillet 1853. Par contre, la circulaire 4 de janvier 1849 précise bien que tous les distributeurs sont dotés d'un losange grillé dont ils doivent appliquer l'empreinte sur les timbres-poste affranchissant les lettres au départ

Les bureaux distributeurs faisant départ (correspondances avec Paris, correspondances exceptionnelles), seront dotés du même dateur circulaire que celui des directeurs, jusqu'à l'introduction, après 1840 (première date novembre 1842, selon M. Chauvet), d'un modèle nouveau, dont le cercle est doublé d'une couronne de points, caractéristique qui sera adoptée par la suite pour tous les timbres dateurs de cette catégorie de bureaux. Afin d'identifier l'origine du courrier, les distributeurs appliquent leur griffe, dite cursive, à côté de leur dateur, perlé ou non.
Cependant, l'inconvénient du système n'a pas échappé à l'Administration : apposer deux marques revient à doubler le travail et le matériel. La solution du timbre unique, couplant le dateur et le nom du bureau, va logiquement s'imposer.


type 22

type 23

type 24

type 25

      A partir de 1853 (délibération du Conseil des Postes du 20 mai 1853), un nouveau timbre circulaire est mis en service dans les distributions. Le nom du bureau figure en lettres romaines dans le haut de la couronne, le numéro du département en bas ; le dateur, également en romaines, comporte le quantième, le mois, éventuellement en abrégé, et le millésime. D'autres modèles suivront en 1868, simple ou double cercle intérieur avec l'indication de la levée, puis, en 1875, avec le nom du département en toutes lettres. Ces timbres mesurent 24 millimètres de diamètre, perles comprises.

En 1874, les distributions sédentaires sont transformées en recettes, et seuls les facteurs-boîtiers continueront à utiliser ce type de dateur. A partir de 1893 (arrêté du 2 mai), les facteurs-boîtiers sont dénommés facteurs-receveurs.


1885 romain

1885 mixte

1887 levée

1887 horaire

      Après 1884 apparaît un nouveau modèle, d'un diamètre un peu plus important (26 millimètres). Le principal changement réside dans l'adoption de lettres en caractères bâton, en remplacement des caractères romains. Le bloc dateur est composé, au début, de caractères romains, ceux-ci étant rapidement remplacés par des signes bâton ; on trouve également des dateurs mixtes, mélange des deux styles graphiques. Les perles extérieures laissent la place à des tirets. Une circulaire datée de 1906 impose aux petits bureaux d'appliquer, à leur tour, la circulaire du 4 juin 1901, laquelle ordonnait le remplacement de l'indication de levée par une indication horaire, et de la mention du mois en lettres par son numéro d'ordre dans l'année.


1904 levée

1904 horaire

      A partir de 1904 un timbre simplifié est adopté, dans lequel les deux cercles concentriques continus intérieurs ont disparu, et qui ne conserve que la couronne de tirets. Le dateur sera, là aussi, modifié selon les directives de la circulaire de 1906.


Coussay-les-Bois : un curieux timbre hybride


      Ce préambule, en forme d'inventaire, nous amène à nous pencher sur une curieuse marque, apposée en arrivée par le facteur-receveur de Coussay-les-Bois, dans la Vienne, en novembre 1905. A cette date, celui-ci aurait pu (sinon dû) déjà avoir reçu son tout nouveau timbre à date modèle 1904. En réalité, il a dû faire avec les moyens du bord, et adapter, tant bien que mal, son matériel ancien à l'évolution des normes postales.

      Le bureau de Coussay-les-Bois est répertorié comme ayant eu un type 24 à partir de 1871 (Chevalier), puis un type 25 jusqu'en 1913 (Pothion). En 1905, il utilise un timbre à date qui donne l'impression de résumer, à lui seul, les étapes de l'évolution : le cercle extérieur perlé, la couronne simple cercle et le lettrage évoquent le type 23 (dont ce bureau ne semble d'ailleurs pas avoir été doté), le nom du département en romaines est caractéristique d'un type 25, et le dateur bâton correspond aux normes introduites en 1887. Il est fort possible qu'un timbre au type 25 ait été légèrement alésé, pour permettre le passage d'un dateur au nouveau type, ce qui aurait eu pour effet de faire disparaître le petit cercle intérieur, donnant à cet avatar atypique l'apparence inédite d'un type "23 bis".

      Coussay-les-Bois percevra son timbre à date au type 1904 quelques années plus tard.

Bureaux secondaires : quelques dates

- mars 1792 : le Directoire des Postes considère les distributions comme des entrepôts, dont la fonction se borne "à porter, à rapporter, et à distribuer les lettres ..." Les taxent se calculent alors de département à département, puis de bureau à bureau.
- avril 1819 : les distributions timbrent au départ, à l'aide d'une griffe sur laquelle leur nom figure en écriture cursive, entre le numéro du département et le nom du bureau de rattachement.
- août 1823 : apparition des premiers facteurs-boîtiers, exclusivement dans les départements de la Seine et de la Seine-et-Marne.
- janvier 1828 : les distributions situées sur la route des malles-poste partant de Paris doivent faire dépêche pour cette ville. Elles reçoivent le timbre dateur circulaire type A.
- avril 1830 : les taxes sont, dorénavant, calculées à partir du point de remise des lettres, donc aussi des distributions. Pour cette raison, le nom du bureau de rattachement est supprimé des griffes linéaires. Les distributions taxent les lettres en port dû circulant à l'intérieur de leur arrondissement rural. Elles affranchissent les lettres en port payé du service rural.
- janvier 1835 : les distributions affranchissent toutes les lettres ordinaires de port payé pour la France, à l'aide du timbre P.P.. Les distributions en correspondance directe avec Paris taxent les lettres en port dû destinées à Paris.
- avril 1836 : les distributions en correspondance directe avec Paris taxent les lettres en port dû en passe Paris.
- novembre 1842 : première date citée pour un dateur perlé type B (M. Chauvet).
- septembre 1844 : les distributions peuvent recommander et charger les lettres pour toute la France.
- 1845 : les distributions pouvant remettre leurs dépêches à une gare où s'arrête un ambulant sont placées en correspondance directe avec Paris. Elles peuvent taxer les lettres remises en passe à cet ambulant.
- janvier 1849 : les distributions annulent, au départ, les timbres-poste des lettres affranchies, elles taxent les lettres insuffisamment affranchies.
- mai 1850 : extention des facteurs-boîtiers à toute la France.
- juillet 1853 : toutes les distributions sont dotée du dateur nominatif perlé type 22.
- janvier 1873 : les distributions sont limitées à la correspondance avec la recette dont elles relèvent.
- janvier 1874 : les distributions sédentaires sont transformées en recettes. Ne subsitent que les facteurs-boîtiers en tant que bureaux secondaires.
- mai 1893 : les facteurs boîtiers deviennent facteurs-receveurs.


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