Questions autour de la marque MP
de Cadix - 1857/1858
A partir de l'ÃÂétÃÂé de 1857 appparait au verso des lettres adressÃÂées ÃÂàCadix, en provenance de cinq pays ÃÂétrangers, une marque MP de couleur gris-bleu dont l'utilitÃÂé et la signification exacte restent incertaines. On la rencontre jusqu'au printemps suivant.
Faisons le tour des quelques piÃÂèces qui nous sont connues ...
AperÃÂçu des piÃÂèces
Nous avons rencontrÃÂé jusqu'ÃÂàprÃÂésent, des lettres de cinq provenances diffÃÂérentes : Portugal, ÃÂÃÂtats-Unis d'AmÃÂérique, Grande-Bretagne, Hong-Kong et France.Origine Portugal : une seule lettre nous est connue, en provenance de Lisbonne, affranchie en Espagne ÃÂà1 real, arrivÃÂée ÃÂàCadix le 27 juin 1857. C'est la premiÃÂère date connue, ÃÂàl'heure actuelle, de l'utilisation de la marque MP.
Origine ÃÂÃÂtats-Unis : deux lettres nous sont connues.
- voie anglaise : une lettre.
Port payÃÂé de Boston,
transit anglais en port payÃÂé,
port espagnol de 8 reales,
arrivÃÂée Cadix 12 aoÃÂût 1857. - paquebot amÃÂéricain : une lettre.
Port payÃÂé de Boston,
transit franÃÂçais en port payÃÂé,
port espagnol de 4 reales,
arrivÃÂée Cadix 1 octobre 1857. Origine Grande-Bretagne : vingt-trois lettres nous sont connues, l'importance de cette origine s'expliquant certainement par l'ÃÂétroitesse des liens entretenus par les commerÃÂçants britanniques avec Cadix.- voie directe : deux lettres.
Port payÃÂé de Londres,
port espagnol de 4 reales,
arrivÃÂée Cadix 3 novembre 1857. - voie franÃÂçaise : vingt-et-une lettres.
Port payÃÂé de Liverpool,
transit franÃÂçais en port payÃÂé,
port espagnol de 4 reales,
arrivÃÂée Cadix 20 octobre 1857. Origine Hong-Kong : une lettre nous est connue.
Port payÃÂé de Hong-Kong,
via Gibraltar,
port espagnol de 4 reales,
arrivÃÂée Cadix 31 octobre 1857.
Coll. David StirrupsOrigine France : six lettres nous sont connues.- voie de terre : cinq lettres.
Port dÃÂû de Marseille,
port espagnol de 2 reales,
arrivÃÂée Cadix 27 aoÃÂût 1857. - voie de mer : une lettre.
Port dÃÂû de Marseille,
port espagnol de 3 reales,
arrivÃÂée Cadix 11 dÃÂécembre 1857.
Constatations et rÃÂéflexions
Les marques postales figurant sur les lettres sont conformes au rÃÂèglements et tarifs de l'ÃÂépoque :
- le port des lettres en provenance des pays sans convention postale avec l'Espagne (dont les ÃÂÃÂtats-Unis et la Grande-Bretagne) devait ÃÂêtre payÃÂé par l'expÃÂéditeur jusqu'au point d'entrÃÂée sur le territoire espagnol, en fonction des rÃÂèglements de l'administration d'origine. Le destinataire ÃÂétait redevable d'une taxe de 4 reales par chaque poids d'un quart d'once.
- les lettres postÃÂées en France ne devaient pas ÃÂêtre affanchies par l'expÃÂéditeur, le destinataire ÃÂétait redevable d'une taxe de 2 reales par chaque lettre d'un poids d'un quart d'once transportÃÂée par voie terrestre, ou d'une taxe de 3 reales par chaque lettre d'un poids d'un quart d'once transportÃÂée par voie de mer (Convention postale de 1849).Toutes ces lettres ont un seul point gÃÂéographique en commun, la ville de Cadix. Pour cette raison, il est logique de penser que c'est dans cette ville que la marque MP a ÃÂétÃÂé appliquÃÂée.
Les dates d'arrivÃÂée des lettres portant la marque MP sont comprises entre le 27 juin 1857 et le 12 mai 1858.
Toutes les lettres portant la marque MP que nous connaissons viennent de l'ÃÂétranger ; nous n'en connaissons aucune en provenance d'Espagne. A l'inverse, nous ne connaissons aucune lettre de l'ÃÂétranger pour Cadix, dans cette fourchette de dates, ne portant pas cette marque.
Selon un propos attribuÃÂé ÃÂàManuel TizÃÂón, la marque pourrait signifier Medio porte (demi port), bien que ce grand spÃÂécialiste de la marcophilie espagnole avoue ne connaÃÂître aucun tarif la justifiant, et reconnaisse qu'elle n'implique pas, sur les courriers connus, de rabais sur le tarif ordinaire.
Selon l'expert Eduardo Escalada, une circulaire du 4 avril 1854 (Anales de las Ordenanzas de Correos) ordonnait l'application d'une marque MP sur les affranchissements des pÃÂériodiques et imprimÃÂés ÃÂàdestination des Antilles espagnoles ; elle justifiait un tarif spÃÂécial ÃÂàmedio porte.
Il rappelle ÃÂégalement qu'ÃÂàcette ÃÂépoque, les capitaines de bateaux, sans contrat avec le gouvernement, qui se chargeaient du courrier ÃÂàdestination des Antilles espagnoles, percevaient 1/2 real par lettre (DirecciÃÂón general de Correos - Circulaire du 26 juin 1855), alors que le tarif ordinaire ÃÂétait de 1 real : la marque 1/2 ÃÂétait apposÃÂée sur les lettres, et cette pratique portait le nom de "medio porte del capitÃÂán".Eduardo Escalada suggÃÂère que la marque qui nous occupe pourrait ÃÂêtre le rÃÂésultat d'une mÃÂélange de ces deux pratiques.
Il reste, cependant, ÃÂàfaire le rapprochement entre des marques maritimes destinÃÂées aux ÃÂéchanges coloniaux, et des courriers, pour la plupart terrestres, provenant de pays ÃÂétrangers.Il existe, dans le tarif du 25 mai 1756, pour les lettres ÃÂàl'arrivÃÂée ÃÂàCadix, un port spÃÂécial, appelÃÂé Medio porte, appliquÃÂé les jours de faible affluence de courrier. Selon notre camarade Mario Mirman : "Un siÃÂècle et un an avant [la pÃÂériode qui nous occupe] il existait un tarif spÃÂécifique pour Cadix, concernant expressemment le demi port, qui ÃÂétait ÃÂétabli suivant des jours dÃÂéterminÃÂés dans la semaine, selon l'importance du trafic postal de Cadix. Et la chose est trÃÂès logique : Cadix, porte de sortie de la correspondance d'outre-mer, connaissant des jours d'activitÃÂé intense et des jours de relÃÂâche, on pouvait rationaliser le traitement du courrier par des tarifs ÃÂétablis en fonction de la charge du service."
La petite fourchette de dates constatÃÂées laisse penser que l'application de la marque MP ÃÂàCadix est la consÃÂéquence d'un ÃÂévÃÂénement ponctuel et local, qui a fait qu'elle ÃÂétait utile pendant ce bref laps de temps, puis qu'elle est devenue superflue en raison d'un ÃÂévÃÂénement ultÃÂérieur.
Le 12 avril 1857 est la date de dÃÂépart de Cadix de la DoÃÂña Isabel la CatÃÂólica, dernier navire de la marine de guerre espagnole ÃÂàtransporter le courrier des Antilles pour le compte du gouvernement.
Le 12 juin 1858 est la date de dÃÂépart de Cadix de l'Europa, premier navire de la CompanÃÂÃÂa de Vapores EspaÃÂñoles TrasatlÃÂánticos ÃÂàtransporter le courrier des Antilles pour le compte du gouvernement.
Entre temps, le transport a ÃÂétÃÂé assurÃÂé, par interim, par la Compagnie franÃÂçaise Gauthier FrÃÂères. La similitude de dates avec l'utilisation de la marque MP est ÃÂétonnante, peut-on y voir un rapport, et lequel ?Le premier janvier 1857 entrent en vigueur les Conventions postales signÃÂées entre la Grande-Bretagne et la France d'une part, la Grande-Bretagne et les ÃÂÃÂtats-Unis d'AmÃÂérique d'autre part.
Le premier octobre 1858 s'applique la Convention postale signÃÂée entre l'Espagne et la Grande-Bretagne.
Bien que cette fourchette de dates corresponde de faÃÂçon moins prÃÂécise avec l'utilisation de la marque MP, peut-on tout de mÃÂême voir lÃÂàune corrÃÂélation ?Enfin, cela a t-il un rapport avec l'introduction du port payÃÂé en timbres-poste dans les colonies espagnoles, la circulaire du 13 aoÃÂût 1857 sur l'affranchissement obligatoire pour les Antilles au dÃÂépart de Cadix, ou encore l'arrivÃÂée des moyens modernes de communication en Andalousie, comme le tÃÂélÃÂégraphe ou le chemin de fer ? Ou encore, cette marque est-elle purement fortuite et non-postale ?
Autant de questions sans rÃÂéponse.
Cette page est le rÃÂésumÃÂé d'un dÃÂébat ouvert il y a plusieurs annÃÂées (2005) sur le forum espagnol ÃÂÃÂgora de filatelÃÂÃÂa.Sources :
Correos Maritimos EspaÃÂñoles, Vol. II, Francisco Garay Unibaso, Ediciones Mensajero, Bilbao, 1987.Remerciements :
ÃÂàBuzones, Fecabo, Mariomirman, Matrix, Rucvermell et Ximo-2 pour l'exposition de leurs piÃÂèces ;
ÃÂàMadame MichÃÂèle Chauvet, de l'AcadÃÂémie de PhilatÃÂélie, pour sa disponibilitÃÂé et sa gentillesse.
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