Buenos Aires : taxes manuscrites en monnaie locale
  
La République Argentine a rencontré, au début de son histoire, quelques difficultés à réaliser son unité. La province de Buenos Aires, en particulier, a manifesté certaines velléités d'autonomie, qui se sont exprimées, entre autres, sur le plan monétaire.

En 1863, la Banque de la Province de Buenos Aires, nouvellement créée, conserve le monopole de l'émission des billets. La monnaie fiduciaire provinciale s'exprime alors en peso corriente, divisé en 8 reales, alors que la monnaie nationale, métallique et basée sur l'or, s'exprime, elle, en peso fuerte, divisé en 100 centavos.

Sur le plan postal, il s'ensuit une double tarification intérieure, selon que la taxation se fait ou non à Buenos Aires :
- la lettre de 4 adarmes* paye 5 centavos oupeso et 2 reales ;
- la lettre de 8 adarmes paye 10 centavos oupesos et 4 reales, et ainsi de suite ...
- la lettre recommandée, quel que soit son poids, paye 25 centavos oupesos et 2 reales.



Ce port local, généralement exprimé au crayon à papier bleu, peut se retrouver sur des lettres de provenance européenne, dont l'affranchissement, jusqu'au point de débarquement, est payé au départ par l'expéditeur. Partie du port du Havre le 22 novembre 1865, la lettre précedente est affranchie à 60 centimes pour 10 grammes selon le tarif des bâtiments de commerce, encore en vigueur jusqu'à la fin de l'année. Elle a voyagé par l'Angélique, jusqu'au port de Buenos Ayres. L'indication de la limite d'affranchissement jusqu'au point de débarquement est matérialisée par la griffe rouge encadrée de port payé P.P.. Elle supporte une taxe supplémentaire de 2 pesos et 4 reales (notés 2/4) pour la distribution locale.



Roumet - V.O. 483-2617

Datée du 5 juin 1873, la lettre ci-dessus, affranchie à 1 franc pour 10 grammes selon le tarif du 1er juillet1871, a voyagé par la Gironde, des Messageries Maritimes, depuis Bordeaux jusqu'au port de Buenos Ayres. L'indication de la limite de port jusqu'au point de débarquement est matérialisée par la griffe rouge encadrée de port payé P.P.. Elle supporte une taxe supplémentaire de 2 pesos et 4 reales (notés 2/4) pour la distribution locale, la lettre devant peser moins de 10 grammes, mais plus de 4 adarmes.



Köhler - 331.Kékkö

Datée de 1871, la lettre ci-dessus est affranchie à 1 franc et soixante centimes pour un double port dans le tarif de 1866 entre Bordeaux et Buenos Ayres. L'indication de la limite de port jusqu'au point de débarquement est matérialisée par la griffe rouge encadrée de port payé P.P.. Elle supporte une taxe supplémentaire de 3 pesos et 6 reales (notés 3/6) pour la distribution locale, la lettre devant peser plus de 8 adarmes (14,40 grammes), mais moins de 15 grammes.


La lettre ci-dessus, en provenance de Barcelona le 13 janvier 1874, à voyagé par le Poitou, de la Société Générale de Transport Maritime. Elle est affranchie à 65 centimos de peseta, tarif de la lettre simple des paquebots français et italiens par Barcelone et Gibraltar. On peut noter que l'office espagnol ne signale nulle part la limite de validité de l'affranchissement. D'abord taxée à 2 pesos et 4 reales, elle a dû être ensuite pesée à moins de 4 adarmes, et retaxée à 1 peso et 2 reales, sans que la première mention ne soit annulée. L'adresse (112 Florida) a été précisée dans la même couleur.


Le mauvais scan ci-dessus vaut uniquement pour l'illustration d'un double port dans le même tarif que précédemment (Barcelone, 31 mars 1874, tarif à 1,30 peseta, voyagé par le Bourgogne de la S.G.T.M.). La lettre, qui devait peser entre 8 adarmes et 20 grammes, est taxée au triple port local, soit 3 pesos et 6 reales.


Pour clore la liste des courriers espagnols, voici un quintuple port à 3 pesetas par la voie de La Coruña en Janvier 1874, taxé à Buenos Ayres à 6 pesos et 2 reales.


Pour finir, une lettre originaire du bureau postal britannique de Bahia (C81), au Brésil, datée de 1869. Tarif double à 8 pence, sans indication de limite de port, taxation à l'arrivée à 2 pesos et 4 reales. Le système de poids britannique, basé sur l'once, était similaire au système hispanique : l'unité postale de base, le 1/4 d'once, valait sensiblement les 4 adarmes du premier échelon argentin.

* environ 7,20 grammes

Muchas gracias a Manolo (MATRIX) por las imagenes, y a los conforeos del Agora de Filatelia por el apasionante debate.

Bibliographie : M. D. Kurchan, Historia Postal Marítima Argentina, 3e éd., Corres, Buenos Aires, 2002.

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