Les Boîtes Mobiles de Raulhac
à
Pierrefort et  Saint-Flour

          Les premières boîtes mobiles transportées par des courriers d'entreprise dans le département du Cantal apparaîssent dans le courant de l'année 1866. Dès 1868, on trouve des boîtes mobiles accrochées aux voitures effectuant le service postal entre Saint-Flour et la gare de Murat, station ferroviaire située sur la ligne d'Aurillac inaugurée cette année-là. La demande par le Conseil d'arrondissement de Saint-Flour d'une liaison routière directe entre Aurillac et Pierrefort reste sans résultat, le courrier passant alors par Murat et Saint-Flour. La ligne ferrée sera inaugurée entre ces deux dernières villes le 10 novembre 1888.


De Saint-Flour à Murat pour Aurillac, courrier d'entreprise, 16 mai 1868


Conseil général du Cantal, août1872

          L'usage de ces boîtes se généralise au cours de l'année 1872, à la suite de la suppression des relais de la poste aux chevaux. Le chef-lieu de canton de Pierrefort, peuplé de mille-deux-cents habitants et doté d'une recette des postes, est ainsi relié à son chef-lieu d'arrondissement, Saint-Flour, par un service de voitures munies d'une boîte mobile et passant par les communes d'Oradour et des Ternes (itinéraire de l'actuelle route départementale n° 990).


Lettre pour Aurillac écrite à Pierrefort le 12 juin 1874, boîte mobile de Saint-Flour

          En juin 1881, à la suite de l'ouverture de la recette des postes de Paulhac, commune située au nord de Pierrefort, le courrier établi en juin 1880 à titre temporaire (saisonnier) entre Murat et Pierrefort (par l'actuelle route départementale n° 34) est rendu permanent. Le courrier de Pierrefort à Saint-Flour passera par Paulhac en 1888, puis reviendra à la voie d'Oradour l'année suivante, avant que le service soit doublé en 1894, utilisant les deux itinéraires.


Pour le photographe, le convoyeur a décroché la boîte mobile de sa voiture.

          Dès l'année 1881, les conseillers généraux du Cantal réclament l'établissement d'une ligne de courrier entre Pierrefort et Raulhac, commune située à l'ouest de Pierrefort, en direction d'Aurillac. Il leur faudra attendre plus de dix ans avant de voir leur souhait se réaliser. Le journal La Dépêche du 24 mai 1892 s'étonne de ce que l'ouverture du courrier, prévue dès le premier mai pour la saison d'été, n'ait toujours pas été réalisée. Le 3 juin suivant, il se réjouit d'annoncer sa mise en activité pour le 16 courant. L'Auvergnat de Paris du 18 juin 1893, signale que le service est désormais devenu permanent, ce qui ne manquera pas de poser quelques problèmes de circulation en hiver.


De Lacapelle-Barrès pour Saint-Flour, courrier de Raulhac à Pierrefort, 23 mai 1897.


De Brezons pour Saint-Flour, courrier de Raulhac à Pierrefort, 7 avril 1904.

          Une Histoire des paroisses de Brezons et du Bourguet parue en 1900 (Jean-François Pautard), nous renseigne sur le trajet habituel des voitures entre Pierrefort et Raulhac et retour, passant par Brezons, où un établissement de facteur-receveur existe depuis 1894, les bois de Vigouroux et Lacapelle-Barrès, également siège d'un facteur-receveur. Le plateau de Vigouroux étant parfois rendu impraticable par la neige, les voitures sont alors tenues d'utiliser la route nationale n° 16 (actuelle route départementale n° 990) passant au sud par la vallée de Saint-Martin-sous-Vigouroux. En 1911, l'adjudication est attribuée à Mme veuve Riom, hôtelière à Pierrefort ; son itinéraire passe par la commune de Narnhac.


Le courrier, muni de sa boîte mobile, stationne devant l'hôtel de la veuve Riom.
Un autre courrier d'entreprise arrive en sens inverse.


Le courrier d'entreprise au départ de Raulhac, attelé à trois chevaux pour les pentes les plus raides.

          Il reste difficile de savoir par quelle voie s'est achevé le parcours des deux lettres de Lacapelle et Brezons illustrées plus haut après leur passage à Pierrefort. Elles ont pu être remises au courrier de Murat, par Paulhac, puis acheminées à Saint-Flour par la voie ferrée, via Neussargues. Elles ont aussi pu être remises à l'un des courriers directs pour Saint-Flour, par Pauhac ou Les Ternes. Ce n'est probablement qu'une question de conjoncture, en fonction des horaires de correspondance et des délais d'acheminement.


Carte de la région de Pierrefort (d'après Joanne 1916).

----------------
SOURCES : Rapports et délibérations du Conseil général du Cantal / Archives départementales du Cantal / L'Auvergnat de Paris / La Dépêche de Toulouse.
Grand merci à Allancant et Labroquerie pour leurs illustrations.

Retour au sommaire