L'entreposeur en gare
de Clermont-Ferrand


      Le chemin de fer atteint Clermont-Ferrand le 7 mai 1855 (ligne de Paris), mais la construction de la gare ne s'achève que dans le courant de 1858. Il est possible qu'un préposé des postes y ait été installé dés cette époque, chargé de l'échange des dépêches, de la présentation de sa boîte aux lettres aux ambulants, et de la réception des convoyeurs et courriers. Ce sous-agent n'étant pas encore autorisé à manipuler les lettres, ce sont les agents des brigades d'ambulants stationnant en gare qui effectuent alors le traitement sur celles qui y sont déposées.


Timbrage et oblitération de l'ambulant ordinaire, brigade A, 26 mars 1859

      En février 1867, la publication dans le bulletin mensuel des postes de la circulaire n°508 étend les attributions des entreposeurs à la levée de la boîte aux lettres mobile de leur gare, ainsi qu'à celles des courriers d'entreprise y aboutissant éventuellement. Ce n'est donc qu'à partir de cette date que l'on relève la frappe du timbre dateur GARE DE CLERMONT-FERRAND 62 sur la suscription des lettres traitées en gare.


Lettre levée dans la boîte mobile de gare de Clermont-Fd, 25 mars 1867.
Timbrage par l'entreposeur, oblitération de l'ambulant ordinaire montant à Paris

      Initialement, l'entreposeur en gare de Clermont-Ferrand a été doté d'un timbre à date à deux cercles continus ne montrant pas d'indication de levée, que les collectionneurs appellent type 15. En septembre 1868, il a reçu le nouveau modèle affichant cette indication, appellé type 17. On pourrait penser que ce sous-agent étant seul à effectuer des opérations de timbrage dans son service, il aurait immédiatement rendu son dateur au modèle antérieur. Il semble qu'il n'en soit rien, puisqu'on trouve ce dernier encore frappé en février 1869. Le dateur au type 17 reste utilisé jusqu'à la fin du siècle, la graphie FERRAND utilisé dès l'origine étant rempacé vers 1873 par son abréviation FD.


Timbrage de l'entreposeur, oblitération de la recette, 9 janvier 1870

      Lorsqu'une lettre déposée en gare n'était pas destinée au service des ambulants, elle était confiée à un courrier qui la transmettait à la recette des postes de la ville, laquelle apposait son timbre oblitérant. Une note parue en avril 1876 au bulletin mensuel supplémentaire des postes n°65 enjoindra aux entreposeurs en gare d'oblitérer eux-mêmes les timbres-poste des lettres extraites de leur boîte à l'aide de leur timbre à date.


Timbrage et oblitération par l'entreposeur, 24 juin 1876


L'entreposeur et les boîtes mobiles


      La décision d'adapter des boîtes mobiles aux voitures des courriers d'entreprise date de mai 1865 (bulletin mensuel des postes n°117, circulaire n°393), mais il ne semble pas que le procédé ait été utilisé à cette époque sur les lignes aboutissant à Clermont-Ferrand. Les dépêches sont transportées par rail dès 1855 sur la ligne de Paris au Midi, et la voie ferrée de Clermont à Pont-de-Dore est ouverte en mai 1869. La décision de généraliser l'emploi des boîtes mobiles sur les voitures d'entreprise circulant dans le Puy-de-Dôme ne date que de l'année 1872, elle ne peut guère concerner que la route de Rochefort pour ce qui concerne le bureau de Clermont-Ferrand. Une boîte mobile sera transportée par les voitures venant du Mont-Dore à partir de 1878.


Lettre levée dans une boîte mobile par la recette de Clermont-Ferrand, 9 décembre 1874.

      La lettre ci-dessous, émanant d'un commerce situé au début de l'avenue Charras, à quelques minutes à pied de la gare de Clermont-Ferrand, a possiblement été remise à un courrier de passage transportant des dépêches postales entre la recette principale de la place Gaillard et la station, et équipé d'une sacoche-boîte*. Elle a été transmise à l'entreposeur, qui, ne l'ayant pas levée lui-même dans sa propre boîte mobile, a apposé son timbre BM sur la suscription, ainsi que son timbre à date (Instruction générale, article 536 modifié, sept. 1883). La lettre a ensuite été acheminée par le train jusqu'à Issoire, puis en voiture jusqu'à Saint-Germain-l'Herm.


Lettre de la gare de Clermont-Fd à Saint-Germain-l'Herm, 23 mars 1886, levée dans une boîte mobile

* Aux termes d'une décision ministérielle en date du 17 décembre 1872, les entrepreneurs de service à pied peuvent, au fur et à mesure de la conclusion de nouveaux marchés, être tenus de transporter une sacoche-boîte, destinée à recevoir les correspondances du public, dans les conditions déterminées par l'art. 1272 de l'Instruction générale.
L'Administration a arrêté le modèle d'une petite sacoche-boîte à lettres, très légère, en cuir, que les courriers d'entreprise à pied porteront très aisément, en même temps que leurs dépêches.
(Instruction n° 75, BM 46, janvier 1873)


L'entrepôt des postes en gare


      Sur cette vue extraite d'une carte postale illustrée du début du siècle dernier, on assiste à l'échange de dépêches entre un courrier en voiture et l'employé de l'entrepôt en gare (en partie caché par la voiture), qui s'aide d'un chariot pour transporter les sacs. La vue est malheureusement trop médiocre pour que l'on puisse distinguer la boîte mobile, si il y en a une.

      Nous n'avons pas trouvé trace, ni dans les rapports du Conseil général du Puy-de-Dôme, ni dans les bulletins des postes, de la création d'une recette des postes à la gare. La présence d'un tel établissement est peu probable au début du XXème siècle, car si avait existé, l'ouverture de la recette auxiliaire B de l'avenue Charras, située à peine à deux cent mètres de là, n'aurait certainement pas été acceptée. D'importants travaux d'agrandissement ont eu lieu en 1881, à la suite du prolongement de la ligne ferroviaire vers le sud et l'ouest. L'entrepôt des postes s'est alors trouvé hébergé derrière une pimpante petite facade, du côté ouest de l'esplanade.

      Sur cette vue datée de 1901, on remarque que l'établissement semble assez exigu. Il est signalé par une simple pancarte POSTES en lettres noires sur fond blanc, à comparer avec le large bandeau surmontant la facade des recettes auxiliaires urbaines. On distingue ce qui ressemble à deux boîtes aux lettres, peut-être la boîte mobile pour les lettres à destination ferroviaire, placée au-dessus d'une fente dans le mur pour les lettres locales devant passer par la recette principale de Clermont-Ferrand. Au-dessus des boîtes, il semble y avoir un lanterneau portant le mot POSTES.


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